Athénaïs alias fabrique du sentiment d’échec sur Intagram, met en dessins des scènes du quotidien sur les troubles dys. Elle sensibilise et déconstruit les préjugés qu’elle a souvent entendus au cours de sa vie. Nous l’avons interviewée pour en savoir plus ! 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Athénaïs, j’ai 30 ans. J’ai fait des études d’art et je suis entre autres dyslexique, dysorthographique et dyscalculique. Je raconte des scènes du quotidien sur mon compte Instagram depuis maintenant 3 ans.

Les troubles dys dessins

Souvenirs d’orthophoniste.

Vous êtes concernée par les troubles dys, quels sont les impacts et les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

J’ai été confrontée à la réalité de la dyslexie dès l’enfance. En effet, l’école est assez normée et en étant dys, on ne rentre pas dans cette norme. C’était difficile d’y être confrontée au quotidien, je me suis souvent sentie rabaissée pendant mon parcours scolaire. Malgré des parents bienveillants, mon estime de soi a été impactée.

La dyslexie à l’âge adulte est encore différente, nous n’avons pas tous les mêmes difficultés. Pour ma part, j’ai beaucoup de mal avec la lecture. J’ai abandonné l’idée de lire un roman en entier. Mais ce n’est pas grave, il y a d’autres solutions comme les bibliothèques sonores par exemple.

J’ai également du mal à me repérer dans l’espace ou encore à rendre la monnaie. Pour l’anecdote, un jour un commerçant m’a rendu trop de monnaie. Je ne m’en étais pas rendu compte et il a sous-entendu que j’avais essayé de le voler alors que c’était seulement dû à ma dyscalculie. Il m’est aussi arrivé de rater quelques recettes de cuisine lorsqu’il fallait faire des conversions ou lorsque la recette est écrite en blocs.

Pourquoi utiliser le dessin pour sensibiliser aux troubles dys sur votre compte Instagram ?

Je pensais être la seule concernée par la dyslexie et en souffrir. Au départ, je ne voulais pas forcément mettre l’accent sur mes troubles dys. Dans mon enfance, j’ai tellement été identifiée en tant que « la personne à problèmes » qu’une fois adulte, j’avais envie de mettre cette étiquette de côté.

J’ai toujours dessiné, c’est un art qui me touche, c’était donc naturel pour moi d’utiliser ce format. D’ailleurs, j’ai fait une première bande dessinée sur la dyslexie et j’ai été très surprise de me rendre compte qu’il y avait beaucoup de personnes touchées par les mêmes difficultés que moi. C’est là que je me suis dit bon, il y a quelque chose à faire.

Comme les troubles dys sont invisibles et subtiles, ils peuvent souvent être apparentés à de la fainéantise ou à des fautes d’étourderie. Or ce n’est pas le cas. Je ne suis pas étourdie, j’ai de réelles difficultés. J’aurais beau me relire, je commettrais toujours des fautes.

C’est pour ces raisons que je me suis dit qu’il fallait expliquer réellement ce qu’était la dyslexie au quotidien. Montrer quels sujets pouvaient être impactés par les troubles dys. Par exemple, la parentalité : quel poids fait-on porter aux parents d’enfants dys sur leur éducation ?

Je trouve important d’avoir des représentations de personnes dys en BD ou en dessins. D’ailleurs, je suis en pleine préparation d’une bande dessinée « dys et ordinaire » qui sortira en mai 2024 ! 😉 Dans cette BD, vous pourrez suivre l’histoire de 5 personnages avec des troubles dys et leurs conséquences dans leur quotidien. C’est aussi une réflexion sur les troubles dys dans notre société.

Trouvez un job autrement !

Comment peut-on aménager les postes de travail en entreprise quand on est concernés par les troubles dys selon vous ?

Actuellement, je suis hôtesse d’accueil, de prime abord, on pourrait penser qu’il n’y a pas tant de difficultés pour une personne concernée par les troubles dys mais en fait si. Il y a les noms de famille que l’on épelle, les numéros de téléphone que l’on dicte, les gens qui parlent en même temps que l’on est au téléphone… cela demande beaucoup de concentration et de fatigue.

Je parle depuis très récemment de ma dyslexie au travail. En effet, dans ma dernière expérience professionnelle, on m’a dicté beaucoup de choses au téléphone. Naturellement, j’ai fait beaucoup d’erreur, ce qui a un peu agacé ma collègue. Je lui avais alors avoué que j’étais dyslexique et dès ce moment, elle ne m’a plus donné de travail. Sûrement de peur que la tâche soit trop difficile pour moi…  L’entourage professionnel est souvent sur-attentif à mes difficultés, à la moindre tache, ils me demandent si je suis certaine que ça va, si je peux le faire. C’est bienveillant, mais parfois trop.

Concernant les aménagements de poste, beaucoup sont simples à mettre en place pour faciliter le quotidien d’une personne dys au travail. Par exemple, il vaut mieux écrire un mail avec des listes à puces pour organiser les informations de façon claire plutôt qu’un gros bloc. Il faut être patient, ne pas hésiter à écrire ce dont vous avez besoin plutôt que de le dicter à la personne. Il est également préférable d’éviter au maximum de placer la personne en open-space pour l’isoler du bruit.

De plus, plusieurs outils existent comme le logiciel Antidote pour l’orthographe qui est efficace. Ou encore le lecteur de texte automatique sur l’ordinateur pour éviter de devoir lire des textes.

Ce sont des petites choses faciles à mettre en place et qui changent réellement le quotidien d’une personne dys.

Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs qui vous découvrent aujourd’hui ?

Je veux dire que les troubles dys ne sont pas une fin en soi, on peut vivre avec lorsque l’environnement est patient et bienveillant. La clé, c’est la communication avec la personne concernée pour adapter au mieux ses conditions de travail. Finalement, nous devrions demander ce niveau d’adaptation pour n’importe qui, dys ou non.

En tant que personne dys, il faut aussi accepter nos difficultés. Faire preuve de patience et de tolérance envers nous-mêmes, car ce n’est pas simple de se construire avec un trouble dys.

Nous avons tous des subtilités et ce n’est pas plus compliqué que cela, mais si des aménagements ne sont pas mis en place, cela peut entrainer un réel mal-être.

Merci Athénaïs pour ce témoignage, nous avons hâte de lire votre prochaine BD ! Si vous êtes dans une situation similaire et que vous souhaitez témoigner, n’hésitez pas à contacter Talentéo ! 

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