Talentéo poursuit sa série « Travailler avec un(e) collègue en situation de handicap » ! Aujourd’hui, nous nous intéressons à trouble cognitif dont on parle peu : la Dyscalculie. Assez méconnue, nous vous dévoilons ici les dessous de cette maladie.
Que signifie être atteint de Dyscalculie ?
La Dyscalculie se présente comme un trouble spécifique d’apprentissage en mathématiques ou dit trouble du calcul. Cette pathologie touche la sphère de la numératie : comprendre, utiliser, interpréter et communiquer à l’aide des nombres. Ce trouble peut se présenter de différentes manières car cela englobe plusieurs compétences.
Les troubles de la dyscalculie sont une altération progressive de la capacité à comprendre et à utiliser les nombres. Ces troubles affectent les « aspects procéduraux et conceptuels » du calcul, du comptage et de la mémorisation des faits numériques. Ils s’associent souvent avec d’autres troubles spécifiques et ou en sont les conséquences. Par exemple des troubles de l’attention, des troubles visuo-spatiaux. En outre, si la dyscalculie persiste tout au long d’une vie chez la personne qui est concernée, ses manifestations et conséquences au quotidien sont amenées à varier.
Comme souvent lorsqu’une personne souffre d’un handicap, elle compense une faiblesse par une force. Ainsi, les personnes dyscalculiques ont souvent de grandes forces cognitives sur lesquelles s’appuyer, souvent dans le domaine du langage. En fait, les enfants concernés par la dyscalculie observent souvent que leurs difficultés en mathématiques s’amplifient au fur et à mesure. Cependant, cela dépend du profil cognitif de la personne mais aussi de l’accompagnement reçu.
Quelle part de la population en est atteinte ?
La dyscalculie est le trouble le moins connu parmi les « DYS » (dyslexie, dyspraxie). Ainsi, selon le magazine Planète Santé d’avril 2018, environ 5 % de la population française serait concernée par la dyscalculie. Entre 3 et 6 % de personnes ayant de trouble sont présents dans les établissements scolaires.
Quelles en sont les causes ?
Comme vous pouvez le constater, les causes de la dyscalculie sont souvent complexes et liées à plusieurs facteurs. Les chercheurs ont émis une hypothèse selon laquelle la dyscalculie serait provoquée par une anomalie du développement des réseaux neuronaux, qui sont impliqués dans la perception des nombres et du calcul. À l’origine de cette anomalie, des facteurs génétiques seraient à considérer mais rien n’a encore été démontré. En effet, il n’y a pas différentes sortes de dyscalculie mais ce trouble du raisonnement logico-mathématique n’est pas le même pour chaque patient en fonction de l’âge et du développement chez le patient.
Par ailleurs, il est à observer des cas fréquents de dyscalculie chez des enfants nés prématurés ou ayant une mère avec eu une forte consommation d’alcool durant leur grossesse. De plus, lorsque la dyscalculie survient à l’âge adulte, elle est souvent le résultat d’une lésion cérébrale survenue suite à un accident ou un traumatisme.
Quels sont les signes ? Comment cela se traduit-il ?
De manière générale les signes sont nombreux. En effet, les jeunes et les adultes atteint de dyscalculie ont souvent des symptômes très différents les uns des autres. L’évolution et les différences varient selon les autres troubles.
Une dyscalculie rend l’apprentissage des mathématiques très difficile pour un enfant. L’adolescent et l’adulte eux ne sont pas à leur aise lorsque la compréhension de leur environnement dépend de certains calculs. Par exemple lors d’achats, pour lire l’heure, estimer une durée…Voici ainsi les difficultés qu’entraîne la dyscalculie peut se traduire :
- Dénombrement
- Lecture et écriture des nombres
- Effectuer des opérations arithmétiques
- Utilisation des termes mathématiques
Ces troubles vont ainsi avoir plusieurs répercussions dans le quotidien comme manipuler des sommes d’argent, manier les nombres et les chiffres (durée, distance, quantité) et bien sûr dans les mathématiques et les matières, problématiques nécessitant l’utilisation de données numériques.
Quelles sont les personnalités concernées par la Dyscalculie ?
Plusieurs grands noms de ce monde étaient concernés par la Dyscalculie, tels que :
- Winston Churchill (dyslexie, dyscalculie, TDAH), ancien premier ministre du Royaume-Uni
- Albert Einstein (dyslexie, dyscalculie, TDAH), physicien théoricien
- Benjamin Franklin (dyscalculie), écrivain et homme politique américain
- Isaac Newton (ADD, dyslexie, dyscalculie), physicien, mathématicien, philosophe britannique
La TDAH signifie Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité et ADD est pour un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Ces personnes célèbres ont fait de grandes choses malgré leur dyscalculie. Ils en ont même fait une force !
Quels sont les préjugés les plus courants quant à l’efficacité professionnelle des personnes atteints de Dyscalculie ?
Globalement, comme la dyscalculie est méconnue, elle effraie davantage et peut être sujette aux mêmes préjugés que les personnes qui ont un trouble dys. Cela signifie que certaines personnes auront tendance à penser en milieu professionnel, que les personnes atteintes de dyscalculie ou avec un « DYS » en général, sont moins compétentes ou peu efficaces. Ce trouble cognitif est également régulièrement confondu avec une déficience intellectuelle, cependant l’un n’implique pas l’autre. Aujourd’hui, il existe des solutions d’adaptations pour faire face à ces troubles et favoriser l’intégration de personnes avec la dyscalculie dans le monde professionnel.
Quelles sont les solutions à envisager ?
En premier lieu, il faut savoir qu’une évaluation des troubles mathématiques appelée CENOP permet d’établir le diagnostic neuropsychologique chez la personne atteinte de dyscalculie. De ce fait, cela permet de discerner le profil par rapport aux différentes atteintes et aux compétences préservées et de déjà valider ou non d’abord la présence d’autres troubles ou déficits associés.
L’évaluation tient compte de l’ensemble des sphères cognitives (le potentiel intellectuel, le raisonnement visuospatial, logique et langagier, l’attention et parfois la mémoire) tout en portant bien évidemment une attention particulière aux habiletés spécifiques et au suivi des possibilités liées au domaine des mathématiques.
En milieu scolaire, les jeunes diagnostiqués dyscalculiques peuvent bénéficier de mesures d’adaptation individualisées selon leurs forces et faiblesses. Cette évaluation peut permettre de mettre en place pour la personne du temps supplémentaire, des accès à des lexiques, à la calculatrice, à du papier quadrillé pour diminuer les difficultés d’alignement.
Une fois le diagnostic et la nature du trouble posé, l’accompagnement et la « rééducation » peut plus facilement s’orienter. Ainsi, un suivi individuel en orthopédagogie est souvent recommandé. L’orthopédagogue pourra aider l’enfant et l’adolescent à revoir le sens des nombres, du langage mathématique. Il tentera aussi de rendre la personne autonome dans les domaines où les mathématiques sont sollicitées.
De plus, l’intervention d’autres professionnels est conseillée (ergothérapeutes, psychoéducateurs) selon les besoins identifiés par l’évaluation.
Comment accueillir un collaborateur concerné ?
Idéalement, il est conseillé au travailleur concerné par la dyscalculie, un métier loin des mathématiques ou de ses usages généraux. Cependant, il peut avoir besoin de s’en servir quand même. Auquel cas des collègues peuvent par exemple l’aider. La médecine ou le psychologue du travail également s’il en ressent le besoin.
Le professionnel atteint de dyscalculie ne doit surtout pas se sentir « à part » et doit pouvoir en toute confiance prendre un peu plus de temps sur les nombres et déléguer.
Dans tous les cas, le mieux est encore d’en parler et de ne pas pointer un trouble du doigt.
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