Nous avons souvent abordé la RQTH du point de vue de la recherche d’emploi, mais qu’en est-il lorsqu’il faut la déclarer en étant salarié ? Rencontre avec B. : embauché à la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes en 1995, il fait face à un accident de vie en 1999. Il a accepté de nous raconter son parcours !
Faire sa demande de RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé) peut parfois s’apparenter à un véritable parcours du combattant. C’est d’autant plus vrai lorsque le salarié est déjà en poste et qu’en plus des aléas administratifs, il doit faire face à ses collègues de travail et à sa hiérarchie. Après un accident de vie en 1999, B., salarié à la Caisse d’Epargne, nous raconte le cheminement qui l’a amené à faire sa déclaration de RQTH en 2005.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre métier ?
J’ai été embauché en tant que commercial réseau bancaire en 1995. Après avoir été reconnu en tant que travailleur handicapé, mon poste a évolué vers le métier de chargé de risques que j’exerce aujourd’hui. C’est une activité de contrôle avec du monitoring et de la supervision d’activités transverses.
Pourquoi avez-vous fait cette demande de RQTH ? Quelles sont vos difficultés quotidiennes ?
Dans mon cas la RQTH est liée à un accident de vie. Je suis tombé malade de 1999 à 2005. En 2001, je n’avais ni RQTH, ni reconnaissance d’invalidité. Après plusieurs arrêts, une assistante sociale de la Sécurité Sociale a demandé à me rencontrer afin de savoir si j’avais des difficultés de logistique ou d’autres problèmes par rapport à mon travail. Elle m’a encouragé à faire cette demande pour garantir mon employabilité.
Depuis combien de temps portez-vous ce handicap, et combien de temps avez-vous mis pour faire le constat que vous étiez en situation de handicap ?
Je porte ce handicap depuis 2001, mais j’ai mis 4 ans avant de faire cette démarche de reconnaissance. Il a fallu 2 ans de rechutes médicales pour qu’en 2003 je me pose vraiment la question et commence mon travail d’acceptation pour finalement faire ma demande en 2005. A partir du moment où vous acceptez d’aller vers cette reconnaissance, tout ce qui relève du projet de vie dans le dossier est écrit sans hésitation. Les mots viennent facilement.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette acceptation ? Quel était votre stéréotype sur le handicap avant de le vivre ? Conservez-vous ce point de vue ?
Quand vous êtes valide dans une fonction, ce n’est pas forcément un schéma normal, dans un schéma de progression classique, de passer à un statut qui risque d’être pénalisant professionnellement.
Il faut accepter de passer d’un état valide pour lequel vous avez été recruté à un état différent. Ce qu’il y avait sur mon CV en 1995 s’est avéré différent ou avec des réserves à partir de 2001. Il y a un vrai travail à faire sur soi.
L’inquiétude porte sur le fait que vous n’êtes peut être plus en phase avec le poste pour lequel vous avez été recruté.
Si on refuse de l’accepter, il ne faut pas perdre de vue que dans un environnement professionnel, autour de nous, les gens se rendent bien compte qu’il y a un changement. Si on ne l’accepte pas à titre individuel, on aura beaucoup de mal à l’accepter professionnellement.
Quelle serait selon vous, une des meilleures façons d’aborder votre fonction, après ce changement accidentel ?
Il faut comprendre où se trouve l’origine de sa réticence : est ce une non-acceptation à titre individuel ou la crainte est-t-elle de ne plus être opérationnel sur son poste ? Dans le premier cas, il faut se mettre en phase avec soi-même. Vous ne pouvez pas faire accepter ce que vous êtes si vous ne l’acceptez pas vous-même.
Une fois ce travail fait, il est beaucoup plus facile d’en parler : on sort de la culpabilité et on est dans le situationnel, on ne subit plus. Vous pouvez alors parler de votre situation de façon objective, factuelle à votre employeur. Un moyen de le faire accepter est de donner une approche technique, par rapport à la dimension emploi plutôt que se rabattre sur l’approche émotionnelle.
Avez-vous eu peur de la dépendance ?
Mon stéréotype c’était le cliché de la chaise roulante et de la dépendance. La dépendance, je m’en suis débarrassé quant au niveau de la réorganisation de mon poste de travail. J’avais une forte fatigabilité mais on n’était pas dans un besoin d’assistance et de besoin logistique.
Pour me débarrasser du cliché de la chaise roulante, j’ai attendu 2010 : l’une de mes séquelles a été de me retrouver en fauteuil. Je voulais que personne ne m’aide et j’ai réussi à tout faire. Mais il y a un moment où il faut demander de l’aide : on s’aperçoit que ce n’est pas humiliant ou si compliqué.
Quel que soit le handicap, vous serez bien obligé de dépendre de quelqu’un ou de quelque chose (une canne, un fauteuil). Il faut accepter de lâcher prise sur ce que l’on est.
Quelle a été l’attitude de la Caisse d’Epargne Rhône Alpes dans ce processus ? Comment l’entreprise vous accompagne dans cette démarche ?
Cela s’est très bien passé. Mes interlocuteurs ont fait preuve d’une véritable ouverture d’esprit et ont été très réceptifs et à l’écoute. Des interlocuteurs humains, pas dans le pathos, à la hauteur et toujours très pro. Dans cette démarche de réorganisation de son poste de travail, il faut absolument éviter l’attitude d’apitoiement, tant du côté de l’employeur que du salarié.
C’est d’ailleurs plus facile de présenter les aspects techniques du réaménagement, avec une trame et des solutions alternatives. Le champ des possibles est plus large autrement, mais il vous met en situation d’infériorité.
Intégrer sa RQTH par rapport à sa définition d’emploi est ce qui parait le plus simple en base d’échange. On est sur du tangible, surtout pas sur de l’affectif.
Est-ce une démarche facile ? Combien de temps faut-il prévoir ? Quelles sont les principales difficultés à anticiper quand on demande une RQTH ?
Il faut prévoir 4 mois avec renouvellement tous les 5 ans. Ce qui peut être long, c’est qu’actuellement il y a un entretien avec la médecine du travail et un questionnaire à faire remplir par le médecin traitant. C’est un dossier de 10 pages avec un paragraphe sur le projet de vie. Il s’écrit tout seul à partir du moment où on est en phase avec sa personnalité et ses capacités.
Comment est reconnue humainement votre difficulté de santé dans votre entreprise ? Comment en parlez-vous à vos collègues et à votre hiérarchie ? Quelles ont été les réactions dans votre environnement professionnel ?
J’en parle le plus librement possible. A partir du moment où on a lâché prise, on n’a aucun problème à en parler.
Quand des sorties sont organisées avec des activités que je ne peux pas faire j’en parle très facilement par exemple. Les autres vous apprécient pour ce que vous êtes humainement, c’est tout. On ne cache pas son handicap pour le cacher mais pour éviter des situations d’apitoiement.
Si vous deviez nous laisser sur un conseil en ce qui concerne la marche à suivre dans son entreprise pour faire reconnaître son handicap, quel serait-il ?
Ne pas griller les étapes : la première c’est l’acceptation. Ensuite, le lâcher prise éventuel et le reste vient tout seul.
Tant que le travail d’acceptation n’est pas fait, aucun échange objectif n’est possible à titre personnel et d’autant plus à titre professionnel. C’est le travail le plus dur. Chaque mot est un coup de hache : RQTH, invalidité… Je n’ai pu commencer ce travail qu’une fois soigné pour ma part mais tout devient simple par la suite !
Comment s’est déroulée votre demande de RQTH ? Vous souhaitez en savoir plus ? Rendez-vous dans les commentaires !
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