Deuxième article de Jonathan BEST, rugbyman professionnel au FC Grenoble Rugby (Top 14).
Au-delà de nous accompagner dans de nombreuses actions sur le terrain, il nous fait le plaisir de nous proposer très régulièrement des billets d’humeur personnels sur un thème qui le touche au plus près : le handicap.
Sujet du jour : l’admiration d’un sportif de haut niveau pour les athlètes handisport.
J’ai toujours eu un immense respect pour les sportifs. Des heures et des heures d’entraînement, des années et des années de labeur et de durs sacrifices, tout ça dans un but tout aussi étrange, celui d’avoir envie de se faire mal. Tester les limites de ce qu’un organisme humain est en mesure de tolérer. Toujours plus loin. Toujours plus haut. Toujours plus dur. Comme une discipline personnelle, un art de vivre. A vrai dire je fais partie de cette frange sadomasochiste de la population. Pour se prouver des choses, pour relativiser, pour apprendre à vivre. Simplement parce que c’est le reflet de la vie et des épreuves assourdissantes qui polluent notre quotidien.
Ceux-là sont de la trempe des extra-terrestres. Aucun être humain ne pourrait s’infliger tel supplice quand son corps a déjà été touché dans sa chair. Ceux-là ? Ce sont ces sportifs handisports. Comment peut-on avoir envie de se faire mal sur un terrain de sport quand on n’est pas en mesure de se lever tout seul de son lit chaque matin ? Le cerveau humain a ses raisons que la raison ne connaît point. Comment un sportif amputé des deux jambes peut décider de courir le 100 mètres plus vite que 90 % des gens ? Quel mental assez fort peut pousser ces gens à se surpasser ? A ce stade là, ça n’est plus du respect, ça s’appelle l’admiration. Pour moi l’exemple le plus parfait est le nageur Philippe Croizon. Amputé des quatre membres après avoir pris la foudre, il s’est lancé le défi de traverser tous les océans à la nage. Lui-même le dit : il n’arrive pas à prendre ses enfants dans ses bras. Et pourtant, il nage.
Parfois on râle parce qu’il fait froid, parce qu’il fait chaud, parce le repas n’est pas bon, ou parce qu’on ne sait pas pourquoi on râle. Avant que ce genre de comportement ne vienne embêter votre train-train quotidien, asseyez-vous et réfléchissez. Admirez la bravoure de ces handisportifs et dites-vous que bien des choses sont bien plus graves. Et s’il fallait pousser la réflexion à l’extrême : Que ferions-nous si nous étions à leur place ? Aurions-nous cette force mentale gigantesque pour réaliser de tels exploits ? Personnellement j’avoue ne pas savoir comment j’agirais dans pareille situation., fusse-t-elle moins grave que celle de monsieur Croizon. Souvent je me dis que je préférerai y rester que de végéter dans un état semblable. Mais à d’autres moments je me dis aussi que s’il fallait échanger mes jambes qui fonctionnent avec les deux inutiles de mon frère je le ferai sans hésiter.
Une chose est sûre, ces sportifs ne demandent pas à ce que l’on ait pitié d’eux, ni même que l’on ait quelconque compassion. Les sportifs handicapés ont une seule et unique volonté, celle d’être considérés en premier lieu comme des sportifs. Seule la valeur de la performance compte, intrinsèquement. Et vous qui êtes sur vos deux jambes, accordez toute votre admiration à ces athlètes.
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