C’est la minute sportive du samedi ! Retrouvez aujourd’hui l’interview d’Elias Semann, escrimeur en fauteuil, interviewé par nos amis d’EnRoutePourRio.

Elias Semaan découvre l’escrime handisport en 1996, à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, il vise les Jeux Paralympiques de 2016. Alors, en route pour Rio !

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 29 ans. Je suis né au Liban et vis en France depuis que j’ai 6 ans. Je travaille au CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel depuis Août 2010. Parallèlement, je pratique l’escrime handisport depuis que j’ai 12 ans.

Comment avez-vous découvert l’escrime ? Pourquoi ce sport est-il si confidentiel, à peine 60 000 licenciés en France ?

J’ai découvert l’escrime un mercredi après-midi, tandis qu’il fallait choisir une activité lorsque j’étais en primaire.

Le choix se portait entre le basket et l’escrime. L’aspect du duel m’intéressait plus que le basket… Depuis ce jour-là, je ne suis plus jamais, ou presque, sorti d’une salle d’armes. En ce qui concerne la « confidentialité » de ce sport, pour moi c’est avant tout un sport historique avec de grands champions, notamment des champions français comme Jean-François Lamour, Philippe Boisse ou encore Christian d’Oriola.

L’escrime se compose de 3 armes : le fleuret, l’épée et le sabre. Pouvez-vous nous expliquer les différences entre ces 3 armes ?

 

  • L’épée est l’arme de duel par excellence, on peut toucher toutes les parties du corps avec la pointe de l’épée, au-dessus de la ceinture en ce qui concerne l’escrime handisport. Le premier qui touche a le point.
  • Le fleuret est une arme de convention, les parties valables sont le dos et le tronc. Comme à l’épée, on touche avec la pointe. Pour faire simple, le premier qui attaque a la priorité.
  • Le sabre est aussi une arme de convention, les parties valables se situent au-dessus de la ceinture. Contrairement à l’épée et au fleuret, avec le sabre, on peut toucher avec le tranchant et la pointe de la lame.

Quelle arme préférez-vous pratiquer ? Quel aspect du jeu vous plait le plus ?

Sans hésitation, l’arme que je préfère est l’épée. Pourtant, j’ai démarré au fleuret, un peu comme tout le monde, mais j’ai tout de suite été attiré par l’épée, surtout par le côté duel de cette dernière. L’aspect tactique de l’épée me plait particulièrement, on peut gagner un match en étant inférieur à son adversaire mais en ayant une approche tactique bien réfléchie.

Si l’escrime pour les valides permet de s’observer avant de porter une attaque, en handisport, les deux escrimeurs sont déjà à distance pour attaquer : pouvez-vous nous expliquer la tactique à employer avant le « Allez ! » de l’arbitre ?

C’est la plus grande différence entre l’escrime handi et l’escrime pour les valides, on n’a pas le temps d’improviser, chaque touche doit être préparée et réfléchie avant le départ donné par l’arbitre. Personnellement, j’essaie de préparer chaque touche à l’entraînement. J’aborde les matchs différemment selon chaque adversaire, mais toujours dans l’optique de gagner.

L’escrime en fauteuil a pris une nouvelle dimension en 2010, puisque les Championnats du Monde, organisés à Paris, ont réuni pour la première fois les valides et les handis. Considérez-vous cela comme une reconnaissance ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?

Il y avait déjà eu une expérience en 2006 à Turin à laquelle je n’ai pas participé, mais j’ai eu de très bons échos.

C’est vrai qu’à Paris, qui plus est au Grand Palais, c’était vraiment grandiose ! Je me souviens notamment de la finale, malheureusement perdue, d’Alim Latrèche retransmise en direct : une vraie évolution ! Cela a apporté une certaine reconnaissance, du handisport en France et plus particulièrement de l’escrime handisport.

Quels ont-été vos meilleurs résultats en compétitions internationales, Coupe du Monde et Championnats du Monde confondus ?

Mon meilleur résultat en Coupe du Monde, je l’ai fait à Malchow, en Allemagne, le 18 janvier de cette année. J’ai perdu contre le champion paralympique en 1/8ème  de finale. En Championnat du Monde en 2010, j’ai fini 22ème à Paris.

Parlons quotidien : quelles sont vos conditions d’entraînement ?

Je m’entraîne 3 fois par semaine à Vincennes dans mon club, accompagné de 2 séances de préparation physique par semaine. Je pratique le tout le soir, après le travail. Les séances de préparation physique varient tout au long de la saison.

Avez-vous un maître d’armes qui s’est spécialisé dans l’escrime handisport ?

J’ai deux maîtres d’armes qui s’occupent de moi, les deux enseignent l’escrime pour les valides et handis. Lionel Prunier m’accompagne depuis 2010, quant à Vivien Maya, il me suit depuis 2012.

De plus en plus de clubs obtiennent le label Handisport, qui permet aux handisportifs de pratiquer l’escrime. Le problème : l’achat des fauteuils spécifiques coûte environ 6000€. Comment votre club s’est-il organisé pour acheter ce matériel ?

Quand je suis arrivé à Vincennes en Janvier 2010, le matériel était déjà présent au club. En ce qui concerne les fauteuils, ce n’est pas ce qui coûte le plus cher : un fauteuil basique coûte environ 2000€. Le plus coûteux, c’est le handifix, qui sert à fixer les fauteuils, d’une valeur de 5000€.

Il y a, en France, des Challenges handis-valides. Pensez-vous que ce serait une bonne idée pour les tireurs handis de battre le fer avec d’excellents valides afin de préparer les grandes compétitions ?

Selon moi, c’est très intéressant des deux côtés. D’une part, pour nous handis, cela nous permet de progresser physiquement, tandis que d’autre part, cela permet de développer les aptitudes des valides. Et ce n’est pas toujours les valides qui l’emportent !

Il y a beaucoup de très bons tireurs français handis : Marc-André Cratère, Alim Latrèche, Romain Noble… Vous arrive-t-il de vous entraîner, discuter, échanger avec ces champions ?

Les tireurs français sont spéciaux pour moi, c’est en partie grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui. Ils m’ont aidé à m’intégrer au circuit Coupe du Monde. Dès que j’ai l’occasion de participer à des stages en France, je le fais sans hésiter !

Enfin, votre objectif c’est Rio 2016, comme nous : En route pour Rio. Ça tombe bien non ?

Ça tombe très bien ! La route va être longue, il va falloir se battre jusqu’au bout !

Merci à Elias Semann et En Route Pour Rio pour cette interview.

Vous avez des questions à poser à Elias Semann ? Envie de mieux connaître l’escrime fauteuil ?

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