Amateur de sports extrêmes, Bastien Perret vogue entre le handiski alpin, nautique et le wakeboard. Interview de ce trentenaire qui n’a pas froid aux yeux par nos amis d’En Route Pour Rio.

Rien n’arrête Bastien Perret suite à un accident de kitesurf 2005. Il est et restera sportif, jusqu’à un palmarès impressionnant : vice-champion du monde de handiski nautique et champion de France de wakeboard assis en téléski nautique en 2009, jusqu’à l’ascension du Kilimandjaro. C’est l’heure du samedi handisport grâce à son interview.

Vous pratiquez un nombre incalculable de disciplines de glisse, dans laquelle vous sentez-vous le mieux ?

J’ai deux disciplines préférées : le ski alpin l’hiver et le wakeboard tracté par un téléski nautique l’été. Ce sont les 2 sports où j’ai trouvé une autonomie complète très rapidement.

Vous ne semblez pas vouloir atteindre à tout prix les premières places dans les compétitions auxquelles vous participez, pouvez-vous nous expliquer votre philosophie devant la performance ?

Je ne pratique pas le sport pour être le meilleur. Je pense que ce n’est pas possible de mesurer des performances dans le sport. Nous sommes tous très différents et encore plus dans le handicap. La pratique du sport est avant tout un plaisir. Je respecte les compétiteurs. La compétition est une manière de se motiver et de se surpasser mais moi je n’ai pas besoin de ça. J’ai participé à des compétitions surtout pour le partage et les rencontres avec les autres et je trouve que c’est encore mieux lorsque les « valides » et les handis sont ensembles.

Est-ce que retourner tenter l’ascension du Kilimandjaro vous trotte dans la tête ?

J’ai pu participer à une ascension du Kili avec une équipe qui m’assistait. Malheureusement, je n’ai pas pu rejoindre le sommet car je n’étais pas assez autonome. Et pour que le reste de l’équipe accède au sommet, ils ont dû me stopper à 5000 mètres.

Dans quelle discipline est-il le plus difficile à s’adapter pour un handisportif et pourquoi ?

Le plus difficile ce sont les disciplines où nous avons besoin d’assistance. L’esprit d’équipe est intéressant mais le manque d’autonomie est très contraignant.

Quel est votre prochain gros défi sportif ?

J’ai toujours rêvé de gravir le Mont Blanc avec mes amis. J’espère que nous pourrons réaliser ce rêve un jour…

Pouvez-vous nous présenter votre association « Magic Bastos » ?

L’association Magic Bastos est une petite association qui a été créée suite à mon accident de kitesurf en 2005 pour m’aider à retrouver une vie sociale et sportive après mon accident. Aujourd’hui, l’association a réussi sa mission me concernant, nous voulons maintenant nous servir de notre expérience pour aider les autres personnes atteintes d’un handicap à retrouver du plaisir à travers les sports de glisse : ski alpin et ski nautique.

Notre objectif n’est pas la performance, nous voulons pratiquer le sport pour le plaisir et le partage handi/valide.

Pour nous, la compétition est un bon moyen d’échanger et de partager sa passion avec d’autres pratiquants mais nous pensons qu’il n’est pas possible de comparer la performance des handisportifs car nos pathologies sont complètement différentes. Essayer d’équilibrer cela avec des coefficients est une solution mais elle ne sera jamais parfaitement équitable. Notre association développe du matériel pour pratiquer le wakeboard assis sur les téléskis nautiques et nous organisons régulièrement des stages pour faire découvrir cette activité. L’hiver, nous prêtons du matériel de ski assis sur la station de la Plagne et nous aidons les personnes en fauteuil roulant à préparer leur séjour de ski. Nous invitons aussi des handiskieurs à découvrir le Derby de la Meije, l’événement majeur de la glisse sur neige.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les stages que vous proposez ?

Nous organisons une dizaine de stages par an un peu partout en France. Ils sont ouverts à tous les handicaps moteurs. Il faut savoir nager et être à l’aise dans l’eau. Pour plus d’informations, rendez-vous sur Magic Bastos.

Est-il important pour vous d’associer des personnes « valides » à vos stages ? L’échange handi-valide apporte-t-il beaucoup ?

Oui, nous faisons le maximum pour faire découvrir l’activité aux valides. Plus nous serons de pratiquants handis et valides, plus le matériel sera utilisé et développé. Nous souhaitons organiser des compétitions de wake assis qui seront ouvertes à tous.

Vous vous impliquez auprès des jeunes, pourquoi ? Comment vous y prenez vous pour les sensibiliser au handicap ?

Depuis mon accident, j’ai été sollicité pour intervenir dans les écoles afin de sensibiliser les élèves. Aujourd’hui avec mon amie enseignante, nous parcourons le monde avec un diaporama d’images et vidéos pour montrer aux enfants toutes les possibilités d’une vie en fauteuil roulant. Ce qui est bien avec les enfants, c’est leur coté naturel. Pour la plupart, une personne en fauteuil roulant est une vieille personne. Nous sommes là pour changer leur regard sur le handicap.

Merci à Bastien Perret d’avoir répondu à nos questions et on souhaite longue vie à Magic Bastos. Vous pouvez retrouver l’association sur son site Internet, ainsi que sur Facebook et Twitter.

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