L’équipe de Talentéo est partie à la rencontre de deux jeunes femmes qui militent pour faire changer le regard porté sur le handicap. Rencontrez Cindy et Laurana, deux sœurs qui nous prouvent que la différence est une force par l’intermédiaire de leur livre.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?
Cindy Duhamel : J’ai 32 ans, et suis professeur de français dans un collège. J’écris depuis que je suis toute petite. J’ai toujours été inspirée par ce qui m’entoure mais je n’avais, jusqu’ici, jamais osé faire publier mes écrits.
Je suis partie de chez mes parents très tôt, et après une prépa littéraire j’ai terminé mes études à la Sorbonne à Paris IV.
Une fois mon concours en poche, je suis revenue dès que possible auprès de ma famille. La distance nous avait un peu éloignées ma sœur et moi, jusqu’au jour où elle a été victime de son accident. A partir de ce moment, je ne l’ai plus quittée.
Laurana Duhamel : Je travaille dans la gestion d’entreprise. En parallèle, j’étais mannequin pour des robes de mariées jusqu’à mon accident de voiture qui m’a laissée paraplégique il y a deux ans.
Le choc a été très dur, mais j’ai décidé de me battre pour montrer que même en situation de handicap, nous pouvons aller au bout de nos rêves. Je me suis donc inscrite à un concours de beauté pour valides, j’étais la seule en fauteuil à défiler parmi eux.
Vous avez écrit le livre « Handicap : le défi d’une miss », comment avez-vous vécu l’expérience ?
C.D. : En réalité, j’ai écrit dès le lendemain de son accident, alors qu’elle était au bloc opératoire, mais elle ne le savait pas. Près d’un an plus tard, elle a souhaité s’inscrire à un concours de beauté réservé aux valides et la presse s’est emparée de son histoire.
Laurana m’a alors lancée sur le ton de la plaisanterie : « Tu devrais écrire mon histoire car c’est toi qui me connais le mieux » ; je lui ai alors fait découvrir tous mes brouillons et elle a adoré, elle se retrouvait parfaitement dans mes mots.
Ce livre m’a permis de me libérer de ma colère, de ma tristesse au moment de l’accident.
Puis au moment de l’écriture en vue de la publication, cela m’a permis de me rendre compte, à travers ce que j’écrivais, que ma sœur vivait encore beaucoup de choses.
Le handicap compliquait souvent sa vie mais sa force mentale lui permettait de surmonter beaucoup d’obstacles et d’aller souvent plus loin que ce qu’elle aurait fait en étant valide.
L.D. : Cette seconde participation au concours était difficile à cause du regard des gens, des critiques sur moi.
Il aurait fallu que je reste à ma place, que je participe à des concours spécial « handicapés » d’après mes détracteurs. J’ai du m’imposer car ma présence n’était pas toujours la bienvenue.
Dans le reportage « 66 minutes » que M6 m’a consacrée, nous pouvons entendre mes concurrentes dire que je ne suis pas à ma place. Certaines ont même déclaré que le fauteuil est un avantage pour moi !
Un jour, alors que j’étais très médiatisée, je me suis inquiétée de l’image de « victime » que l’on pouvait me donner. J’ai demandé à ma sœur d’écrire mon histoire et j’ai découvert ses brouillons : elle arrivait à transcrire au mieux ce que je ressentais. Je l’ai donc poussée pour que le livre sorte.
Quelle est votre perception du handicap en France de nos jours ?
C.D. : Être handicapée, ce n’est pas une tare et malheureusement je me suis rendue compte que beaucoup voyaient encore dans cette situation quelque chose de dégradant.
Certaines personnes marginalisent les personnes en situation de handicap. La différence est encore mal perçue de nos jours. Nous ne sommes pas chez les « Bisounours » !
Pour ma part, je vois dans le handicap une différence qui est très souvent une force : je remarque de nombreuses personnes en situation de handicap qui ont davantage la volonté de se surpasser, d’aller de l’avant que les valides. En réalité, elles sont un peu obligées de se donner davantage pour être acceptées dans notre société.
L.D. : Je pense qu’il est difficile d’être en fauteuil ou en situation de handicap dans une société qui n’est pas encore prête à nous laisser notre place.
Toutefois je ne veux pas qu’on nous range dans des cases à part donc je me bats pour faire accepter la mixité entre valides et personnes en situation de handicap. Une jeune femme peut être jolie en fauteuil ou sourde alors pourquoi nous refuser dans des concours de beauté ?
Nous devons avoir notre place dans la société au même titre que les valides et ne pas nous limiter à des « arrangements » conçus pour nous, qui nous marginalisent encore un peu plus.
Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs ?
C.D. : Le message de mon livre c’est : allez au bout de vos rêves. Il ne faut rien lâcher à cause du handicap car ce sont les autres et leurs regards qui feront de vous des « invalides ». A vous de vous montrer ce que vous êtes capable de faire, l’être humain a des ressources insoupçonnées qu’on révèle dans l’adversité.
Dans ce livre nous militons aussi pour l’acceptation du handicap dans notre société, pour la mixité entre valides et non-valides.
C.D. : Nous sommes tous différents mais nous sommes tous humains. Ce sont la différence et la mixité qui font que nous formons une belle planète.
Vous avez lu ce livre ou souhaitez le lire ? Vous avez un message pour Cindy et Laurana ?
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