Chaque vendredi du mois d’août, vous avez pu découvrir les planches de Capucine Blanchard. Des œuvres pleines d’humour que nous avons souhaités vous faire découvrir ! L’artiste nous en dit plus sa bande dessinée !
Piqûre de rappel : Le 15 mars 2013, alors que Capucine conduit sa voiture, elle rencontre un chevreuil et termine dans la chaussée. Avec un traumatisme crânien, des brûlures et quelques contusions, Capucine termine à l’hôpital et en situation de handicap pour quelques mois. C’est dans sa chambre qu’elle met en dessin son histoire. Une thérapie selon elle, mais surtout un témoignage pris avec beaucoup d’humour sur le handicap.
Bonjour Capucine, nous vous avons déjà eu le plaisir de vous accueillir dans nos pages, mais pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?
J’ai 22 ans, je suis étudiante à l’école Boulle de Paris en Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués en Design Produit. En mars 2013 j’ai rencontré un chevreuil en voiture qui m’a envoyé directement à l’hôpital. J’ai eu la colonne vertébrale explosée, la cheville gauche et le sternum de cassé, un traumatisme crânien et quelques contusions et brûlures par ci par là.
Finalement, je ne suis retournée à l’école qu’environ un an plus tard. Pendant toute cette parenthèse j’ai réalisé un roman graphique autobiographique sur cet accident.
Vous avez commencé à dessiner sur votre situation de future « ex-handicapée » suite à votre accident, quel a été le déclic pour vous ?
Au tout début de ma convalescence, j’ai réalisé que je n’étais plus capable de rien. Physiquement je devais réapprendre à marcher, à retrouver une autonomie. Psychologiquement, j’étais totalement déphasée, incapable de réfléchir et de me concentrer. Même lire un livre pouvait être compliqué ! Et pourtant la seul chose où je me sentais à l’aise et encore capable de faire était de dessiner. Mon premier dessin après l’accident était un autoportrait dans mon fauteuil roulant grognant : « putain de chevreuil ». Ça m’a fait rire. Après ça, j’ai continué à raconter mon histoire, c’est devenu ma thérapie.
Parfois, je me dis que cet accident n’était pas un hasard, comme si on m’avait donné du temps pour me replonger dans ma première passion qui était la bande dessinée
Le handicap n’est pas un sujet très fréquemment évoqué en bande dessinée, quels retours avez-vous eu concernant vos planches ?
Les quelques personnes à qui j’ai fait lire ma BD, et même ceux qui n’ont lu que quelques planches de mon blog, étaient le plus souvent surprises de me voir parler aussi « facilement » et avec humour de ce qui m’était arrivé et de tous ces sujets difficiles qui allaient avec le handicap : hôpital, médicaments, douleur, dépression et déprime… Mais cette prise de recul s’est faite naturellement, j’avais besoin d’en parler d’en rire pour avancer.
Les réactions ont été multiples : certains m’ont dit avoir ri ou souri, d’autres m’ont dit avoir été émus, touchés… J’ai même été surprise de parfois recevoir des messages d’encouragement par rapport à ma situation de rescapée, alors qu’en rendant publiques mes planches sur internet je ne cherchais pas de soutien moral…
Parmi toutes ces réactions, j’ai l’impression d’avoir sensibilisé certaines personnes, de leur avoir donné une autre vision du handicap, un sujet trop souvent stigmatisé.
Finalement par cette BD je dévoile un peu la face cachée de cette réponse un peu automatique à la question : « ça va ? Oui ça va. »
L’humour est à mon sens un bon moyen de parler de sujets « compliqués » et « dérangeants ». Il permet de dédramatiser et d’en parler plus facilement sous un autre angle.
Nous avons eu l’occasion de vous retrouver chaque vendredi du mois d’août dans nos pages, que vous a apporté cette visibilité ?
Cette visibilité m’a permis de toucher davantage de personnes qui n’étaient pas reliées à mon propre réseau ! J’ai d’ailleurs été contactée par Orange pour la semaine de l’« Hangagement », une semaine consacrée à la sensibilisation sur le handicap au sein de leur entreprise sur les sites de l’île de France (ndlr : une semaine se déroulant pendant la SEPH). Ils m’ont demandé de témoigner sur mon histoire et sur mon projet de BD. Ils vont également utiliser quelques unes de mes planches du blog pour sensibiliser autrement, et surtout par l’humour.
Quels sont vos projets actuels et à venir ? Allez-vous continuer à dessiner sur le handicap ?
Actuellement je peaufine mon ouvrage et continue de chercher un éditeur. Je me suis très vite rendue compte de la difficulté de présenter une bande dessinée sur ce thème. Les sujets sur les accidents et le handicap font peur ! Mais je ne perds pas espoir !
Pour cette année, je vais prendre le temps comme il vient, j’ai d’abord un diplôme à passer et ensuite nous verrons. Maintenant que je me suis replongée dans l’illustration je pense continuer, ça fait partie de moi.
J’aimerais continuer à dessiner sur le Handicap, il y a tellement à faire… J’ai quelques projets en tête comme intervenir dans l’hôpital où j’ai séjourné pour inviter les patients à rire par le biais de la bande dessinée.
Et vous, que pensez-vous de ce projet ? Échangez avec Capucine !
Et retrouvez Capucine Blanchard sur son blog et sa page Facebook !
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