La semaine du 5 au 9 décembre n’était décidément pas comme les autres. Une semaine hors normes non seulement pour Antoine Grison, adolescent autiste d’Asperger, mais aussi pour 10 responsables de laboratoires du CEA Grenoble. Pour la première fois dans la région, un stage de 3ème permettait à un jeune autiste de découvrir l’univers de la recherche scientifique grâce à une immersion totale. Talentéo revient sur cette belle initiative !
L’autisme d’Asperger, un handicap invisible
Antoine Grison est porteur d’un handicap que l’on ne soupçonne pas de prime abord. L’adolescent de 14 ans, scolarisé dans un collège où il est accompagné par un AVS (Assistant de Vie Scolaire), se passionne pour la physique et les mathématiques. Il fait ainsi preuve de précision, de bonne volonté, de politesse et de respect.
Malgré tout, le jeune homme rencontre des difficultés de compréhension sociale : il saisit mal l’humour et les sous-entendus, ne perçoit pas les conventions sociales, identifie mal ses émotions et celles des autres, n’ose ni demander de l’aide, ni poser des questions.
Antoine est porteur du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme bien plus répandue qu’on pourrait le penser et surtout très invisible. Certaines personnes en sont même atteintes sans le savoir. Pour l’entourage, qu’il soit personnel ou professionnel, la méconnaissance de ce syndrome conduit souvent à une incompréhension et à un isolement.
Une opportunité de sensibilisation
L’intégration d’Antoine au CEA Grenoble à l’occasion de son stage de 3ème constituait donc une opportunité pour sensibiliser le personnel à ce syndrome et, plus largement, à la question des handicaps invisibles.
Suite à un appel à volontaires lancé auprès des responsables de laboratoires, une session d’information et de sensibilisation a été organisée avec les 10 futurs tuteurs d’Antoine afin de leur présenter les caractéristiques du syndrome. A la clé : une meilleure compréhension des besoins spécifiques du stagiaire, une stratégie d’accueil adaptée et, plus globalement, la levée du tabou qui entoure ce type d’autisme.
Une découverte… pour toutes les parties prenantes !
Grâce à la mobilisation de 10 responsables de laboratoires, Antoine a pu découvrir une salle blanche, une salle anhydre, les chambres de culture végétale, la recherche thermo-hydraulique et électronique, la radioactivité ou encore les tests d’étanchéité des piles à combustible. Autant dire que son stage d’observation s’est caractérisé par une diversité d’environnements propice à susciter son intérêt… voire une vocation !
Au-delà de leurs difficultés sociales, l’une des particularités des autistes d’Asperger est leur souci extrême du détail et des capacités intellectuelles hors du commun. Les tuteurs ont touché du doigt ces qualités, à l’image de Gilles qui a évoqué la radioactivité avec le jeune stagiaire : « Tout s’est bien déroulé. Antoine est très observateur et a su déduire des conclusions de ses observations : il a donc l’esprit scientifique. Il possède déjà des connaissances du programme de seconde. Si je n’avais rien su de la différence d’Antoine, je ne suis pas certain que j’aurais détecté un handicap. Je garde une bonne expérience de cet accueil. »
« Je suis rentré un soir après la formation « handicap » en disant à mes enfants (dont le plus jeune est en 3eme) qu’on me proposait de prendre un stagiaire de 3ème atteint d’Asperger. Je ne connaissais rien à cette forme d’autisme mais mon fils aîné avait longuement parcouru un livre à ce sujet à la librairie et m’a immédiatement convaincu d’accepter. J’avais un peu d’appréhension mais ce fut un très bon moment d’échange. Au début, j’ai raconté pas mal de choses sur l’évolution des plantes et j’ai montré le labo. Il semblait intéressé et réceptif. Puis j’ai posé des questions à Antoine avec son handicap en toile de fond. On a parlé de son école, ses loisirs, sa famille. J’ai bien aimé ses rires un peu décalés et j’ai été ravi d’apprendre qu’il existe des ados (au moins un) qui utilisent les écrans pour suivre des chaines Youtube de physique et de maths mais se désintéressent des jeux en ligne ou des médias sociaux ! » François, tuteur d’Antoine.
« Rien ne laisse paraître le handicap d’Antoine qui a très bien interagit, bien plus que certains autres stagiaires 3ème que j’ai pu encadrer ! Au niveau intellectuel on sent qu’il est largement au-dessus de son niveau 3ème . Et j’ai aussi été surprise de l’entendre rire ! Une superbe expérience ! » Sophie, tutrice d’Antoine.
Que pensez-vous de cette initiative ? La parole est à vous dans les commentaires !
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