Aujourd’hui, Caroline LE FLOUR, humoriste, auteure, conférencière et psycho-praticienne, a accepté de nous en dire plus sur le cancer et comment travailler avec un collègue concerné par le sujet !

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis humoriste, auteure, conférencière et psy. Résiliente multirécidiviste après un burn-out à 28 ans, un cancer à 32 ans, une infertilité déclarée à 36 ans, problèmes cardiaques à 39 et j’en passe. J’ai donc eu de nombreuses fois l’occasion de pratiquer l’art du rebond, l’art de la résilience. Mes leitmotivs : sensibiliser, soutenir et briser les tabous grâce au rire !

J’ai écrit et interprété, dans toute La France, un one woman show très humoristique, La Chauve SouriT. J’y raconte mon parcours de malade et d’après maladie. Je le joue pour des théâtres, des villes, des associations, des entreprises, des hôpitaux…

J’ai toujours eu ce besoin de chausser les lunettes de l’humour, d’adopter ce prisme de lecture de la vie, d’autant plus quand les choses deviennent graves ! Je propose le rire mais ne le prône pas. Il s’agit juste de mon expérience et de mon réflexe. Ainsi, selon moi, le rire est un vecteur de sensibilisation hyper puissant qui permet de faire passer des messages de fond de manière ludique.

Pouvez-vous nous présenter vos œuvres ?

De plus, je suis auteure du livre « Le Complexe du Trampoline ou comment j’ai réussi à rebondir face aux galères de ma vie ». Il s’agit d’un développement existentiel humoristique et thérapeutique dans lequel je raconte toute mon histoire. Je propose également au lecteur de se questionner, pas à pas, s’il le souhaite, sur sa propre histoire. J’aborde des thèmes universels comme savoir dire « non », savoir se faire plaisir, savoir sortir d’une relation toxique, comment évite le burn-out, s’en sortir…

Enfin, j’ai sorti un second livre mi-octobre sur le thème de la résilience, « Résiliencez-Vous » au Courrier du Livre. C’est un sujet auquel je me suis beaucoup intéressée à la fin de l’écriture de mon premier livre. Puis, je me suis documentée et enfin passionnée pour ce concept. Quand j’ai compris que j’étais résiliente multirécidiviste, j’ai pris conscience que j’avais accès à des ressources auxquelles je pouvais me connecter lors des moments difficiles de la vie. Cela m’a énormément aidé, j’ai gagné en estime et en confiance en moi.

Ce livre est ludique et utile à tous. C’est la première BD inspirante qui permet de surmonter les épreuves de la vie ! Le lecteur suit l’histoire de Ben, son parcours de résilient et profite tout au long du livre de fiches pratiques qui lui proposent d’explorer sa propre histoire. Une trentaine de témoins livrent également leur expérience sur la maladie, le deuil, le handicap…

Quels peuvent être les symptômes d’un cancer ?

Les symptômes varient. Cela dépend du cancer. D’ailleurs, certains cancers sont asymptomatiques. Mon cancer était un lymphome B grandes cellules. Les symptômes sont très connus : sueurs nocturnes, amaigrissement anormal, j’ai perdu 10 kg en un mois, palpitations cardiaques et essoufflements.

Malheureusement, j’ai vu différents médecins, pendant un mois, avant d’être diagnostiquée. Comme mon cancer était très agressif, la tumeur avait eu le temps de beaucoup se développer. Elle faisait 17 centimètres de diamètre et logée entre le cœur et les poumons. Au moment où le verdict est tombé le cancer avait donc progressé, beaucoup progressé.

Connaissez-vous des personnes célèbres en étant atteinte ?

Certaines personnalités, comme, il y a plus de 30 ans le talentueux Pierre Desproges, il y a dix ans Jean-Luc Delarue, ou plus récemment Johnny Hallyday, Clémentine Célarié ou encore Florent Pagny ont osé parler de leur cancer.

Cette démarche se démocratise de plus en plus. Elle participe de ce fait à briser les tabous sur ce sujet, à autoriser d’autres personnalités à le faire. Cela a forcément un impact sur la libération de la parole sur ce sujet auprès du grand public et, indirectement, favorise le dépistage, ce qui est primordial.

Quels sont les principaux préjugés que vous avez-eus à déconstruire ?

Au travers des différentes interventions en entreprise que j’ai pu faire avec le spectacle ou dans le cadre des conférences que j’anime, les préjugés qui ressortent le plus, en lien avec l’efficacité professionnelle sont :

  • « ma collaboratrice ou ma collègue va être moins performante », comme si les malades, même en rémission, continuaient d’être malades dans l’esprit des personnes de leur environnement professionnel ;
  • « mon collègue va devoir être beaucoup absent », ce qui n’est pas toujours le cas. Certains traitements se prennent à domicile ou ne demandent que peu de temps à l’hôpital ;
  • « il ou elle va être moins fiable » du fait de la fatigabilité lié au traitement. Il est vrai que les traitements génèrent de la fatigue. Néanmoins, cela est très souvent pris en compte par la médecine conseil et l’encadrement de l’agent dans l’aménagement de son temps de travail.

Il existe également des préjugés très souvent soulignés par les malades eux-mêmes :

  • « j’aimerais en parler à mes collègues mais je n’ose pas car j’ai peur d’être perçu comme fragile, faible », ce qui contribue à isoler un peu plus l’agent malade ;
  • « j’ai parlé de ma maladie mais j’ai l’impression que je dois en faire encore plus pour faire oublier que je suis malade justement », ce qui contribue à rompre la possibilité de communication de l’agent malade sur ses besoins réels d’aménagement.

Des aménagements sont-ils nécessaires ?

Si je parle de mon expérience, au moment où j’ai appris ma maladie, j’en ai tout de suite informé mon managerMa direction m’a totalement soutenue et rassurée en me motivant à m’occuper de ma santé avant tout. J’ai été hospitalisée pendant quasiment 9 mois. En effet, je devais très régulièrement être isolée en chambre stérile du fait du manque de défense immunitaire, effet secondaire de la chimiothérapie. J’ai gardé un lien avec quelques-uns de mes collègues, et, indirectement avec mon employeur.

C’est tout naturellement que j’ai souhaité reprendre le travail très vite après mon dernier traitement. L’entreprise m’a tout de suite proposé de revenir en mi-temps thérapeutique afin que je puisse reprendre un rythme de vie professionnelle de manière progressive. J’ai fait partie de ces salariés qui ont voulu reprendre trop vite à temps plein et accepter des missions trop importantes ce qui n’a pas favorisé une reprise sécurisée de mon poste. Finalement, je me suis arrêtée à plusieurs reprises pour trouver finalement mon rythme et reprendre réellement progressivement le travail.

Comment en parler à son équipe ?

Je dirais de la manière la plus simple possibleLa sensibilisation et l’accompagnement du manager à gérer ce type de situations me semble déjà primordial. Ensuite, il me paraît important qu’il/elle puisse expliquer la situation à ses collaborateurs avec tact, empathie et disponibilité.

Lorsque le collaborateur est absent pour une longue durée, la posture d’un encadrant n’est d’ailleurs pas évidente. En effet, il ou elle est souvent tiraillée entre le fait de devoir respecter le secret médical et l’envie de soutenir la personne. Lors de ma période d’hospitalisation, mes collègues m’ont tout simplement envoyé une énorme boîte de chocolats avec des petits mots du type : « nous pensons à toi », « nous sommes là pour toi ».

Face à la reprise du travail d’un ou d’une collègue malade, la question qui revient régulièrement dans les échanges que je peux avoir avec les personnes que je rencontre est « qu’est-ce que je dois ou peux dire à ma collègue malade ? ». Dans ce cas, la peur de la maladresse est très souvent de mise.

Pas simple de savoir également si son collègue a envie de parler de son parcours ou de son statut de malade. Ce que je conseille est de commencer par dire tout simplement que vous ne savez pas quoi dire et comment le dire ou de juste faire savoir à votre collègue que vous êtes là si jamais il ou elle en a besoin. Ainsi, la main est tendue et libre à l’autre de la saisir s’il/elle en éprouve le besoin.

Si vous aviez un message à faire passer au sujet de l’emploi des personnes atteintes d’un cancer, quel serait-il ?

Les mots clés qui me viennent sont : écoute, bienveillance, empathie et accompagnement.

De manière globale, il m’apparaît incontournable, aujourd’hui, de proposer une possibilité de soutien psychologique ou un espace d’expression pour chacun. Dans l’idéal il serait accessible aux encadrants et aux agents grâce aux acteurs privilégiés tels que le médecin de prévention et le psychologue du travail ou une cellule d’écoute en ligne.

L’annonce d’un cancer, même dans un contexte professionnel, peut être choquant voire traumatisant. Le dispositif d’accompagnement que propose la structure au malade comme à ses encadrants et collègues est, selon moi, la clé de réassurance, de bienveillance et de réussite de la structure.

 

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