Le jeudi 11 mars 2021, à l’occasion de la Journée Nationale de l’Audition, les français sont invités à faire tester leur audition gratuitement chez les partenaires de l’opération (Médecins ORL, associations, mairies, centres d’audioprothèse,…). A la clé ? Dépister au plus tôt les pertes auditives et motiver les personnes malentendantes à s’équiper d’appareils auditifs pour préserver leur santé.
En général, quand on apprend que son audition se dégrade, on se précipite rarement chez l’audioprothésiste, le professionnel habilité à délivrer les appareils auditifs. On esquive, on repousse à plus tard, on attend d’être vraiment en difficulté pour sauter le pas. C’est ce qu’a vécu Angélique, 40 ans, malentendante. Bien que sa perte auditive soit déjà avancée, elle n’accepte de s’appareiller qu’à 18 ans. 20 ans plus tard, et après quelques années à travailler comme assistante audioprothésiste, elle nous explique pourquoi elle regrette d’avoir attendu si longtemps.
Parce qu’avec mes appareils auditifs, j’aurais évité bon nombre de situations stressantes
J’ai souvenir d’un grand nombre de situations où ma perte auditive non corrigée m’a embarrassée. J’ai dû développer de véritables stratégies pour compenser mon handicap et donner l’illusion d’une jeune fille à l’audition normale.
Que ce soit au moment de l’appel des classes à la rentrée où percevoir mon nom dans la cohue relevait du miracle. Ou lorsque mon voisin se penchait vers moi pour me chuchoter quelque chose. Mes réponses passaient invariablement du “Ah bon ?” passe-partout au “ Ouais carrément !” vague et large. Souvent accompagnés d’un “ Enfin bon je sais pas…” en guise de conclusion.
“ Angélique tu viens faire l’exercice ! ”. Être appelé au tableau, qu’on soit malentendant ou pas, n’est jamais une partie de plaisir. A mon stress, s’ajoutaient les difficultés pour entendre. Notamment pour comprendre la voix fluette de l’élève qui, elle, avait la bonne réponse à l’exercice et qui – forcément – était située au fond de la classe.
S’équiper d’appareils auditifs pour retrouver un confort de vie
Quand je me suis enfin décidée à porter des appareils auditifs, ma scolarité a gagné en sérénité. J’ai pu suivre mes cours, répondre aux questions que les profs me posaient, discuter – beaucoup – avec mes copines de classes.
Parce que les appareils auditifs ne se voient pas tant ça
Si je vous dis « prothèse auditive”, vous êtes combien à avoir en tête le gros contour couleur chair que mamie pose sur son oreille et qui siffle tout le temps ? Et oui l’appareil auditif souffre encore d’une image négative et vieillotte. Mais ça bouge. Depuis quelques années, le design des appareils a fait de gros progrès. Que ce soit sur la miniaturisation, les formes, les couleurs. On n’est pas loin d’assister à la fashion week de l’audioprothèse !
Pour ce qui me concerne, j’ai opté dès le début pour des appareils auditifs intra-auriculaires. Fabriqués à la forme de mes conduits auditifs, ils se logent au creux de l’oreille et passent inaperçus.
“ Je ne me suis même pas rendu compte que tu étais malentendante, ni que tu portais des appareils auditifs”.
Je dois entendre cette phrase au moins une fois par semaine.
On remarque davantage un malentendant non appareillé qu’une personne qui porte des appareils auditifs
Longtemps, j’ai craint le regard des autres sur les appareils auditifs. J’avais peur d’être mise à part parce que différente. Pourtant, de mes années d’assistante audioprothésiste, je me suis surprise à répéter plus d’une fois : « on remarque davantage un malentendant non appareillé qu’une personne qui porte des appareils auditifs”.
En effet, difficile de ne pas remarquer celui ou celle qui fait répéter plusieurs fois, qui offre des réponses vagues ou qui ne se retourne pas quand on l’appelle de loin. Par contre, une fois équipé d’aides auditives, on entend et on comprend la conversation, on répond sans être à côté de la plaque. Les gens ne prêtent pas attention aux oreilles de l’autre quand cet autre leur répond sans faire répéter.
Parce que depuis, je prends beaucoup de plaisir à dédramatiser le handicap auditif
Me faire appareiller m’a apporté du confort, du soulagement et même de l’optimisme ! Cela m’a permis bien sûr d’entendre quasiment normalement. Vu que je n’ai plus d’efforts à faire pour comprendre mes interlocuteurs, je peux consacrer mon énergie à autre chose. J’ai gagné en confiance en moi, je prends la parole en public. Je suis plus sereine et mes fins de journée me trouvent nettement moins fatiguée qu’auparavant. J’arrive même à ressentir un certain plaisir le soir quand j’enlève mes appareils auditifs. J’apprécie ce silence “choisi”.
Un des avantages, quand on a fait son “handing-out”, autrement dit quand on assume son handicap, c’est de pouvoir en rire. Grande adepte de l’autodérision, j’ai un millier d’anecdotes sur mon quotidien de malentendante. Un quotidien que je partage sur mon blog « Je suis malentendant”. J’aborde le sujet avec légèreté et humour. Et je suis loin d’être la seule. Avec près de 1 200 abonnés à la page Facebook du blog, la communauté échange, partage et raconte son expérience de la malentendance. Une vision positive et optimiste du handicap qui correspond bien à mon état d’esprit.
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