Souvent associée au vieillissement, la maladie d’Alzheimer touche également les populations actives. Cette pathologie pouvant atteindre tout le monde n’en reste pas moins l’une des plus difficiles à détecter.
Des chercheurs du CEA se sont associés au CNRS, à l’Inserm, à Roche, aux universités Paris Descartes et aux universités Pierre et Marie Curie pour trouver des solutions. Focus sur de belles découvertes.
Alzheimer, une maladie silencieuse mais répandue
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative incurable du tissu cérébral. Elle entraîne une perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire. Cette pathologie se caractérise donc par deux types de lésions cérébrales : les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires.
Le peptide bêta amyloïde (Aβ), naturellement présent dans le cerveau, s’accumule au cours des années sous l’influence de facteurs génétiques et environnementaux, jusqu’à former des plaques amyloïdes. Cette accumulation est toxique pour les cellules nerveuses : elle provoque une désorganisation de la structure des neurones, ainsi qu’une dégénérescence dite « neurofibrillaire » qui entrainera à son tour la mort des cellules.
Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement empêchant la progression de la maladie. Cependant la détecter au plus tôt permet de retarder l’apparition des troubles cognitifs qui lui sont associés.
Détecter la maladie au plus tôt : un challenge relevé par le CEA !
Face à la maladie d’Alzheimer, le défi majeur auquel sont confrontés les médecins est de pouvoir détecter au plus tôt les marqueurs de la maladie. Or, situés au sein même du cerveau, ils sont difficilement accessibles pour le diagnostic.
L’équipe de Pierre Lafaye, responsable de la plate-forme d’ingénierie des anticorps (CITECH1) à l’Institut Pasteur, a mis au point deux nouveaux types d’anticorps. Ceux-ci sont capables de détecter les plaques amyloïdes et les enchevêtrements neurofibrillaires caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
Pour concevoir ces protéines, l’équipe s’est intéressée aux lamas qui possèdent des anticorps de petite taille. Ces derniers ont la rare capacité de passer au travers de la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau des attaques microbiennes.
Ainsi, les anticorps obtenus sont injectés par voie intraveineuse, passent la barrière hémato-encéphalique, et vont se fixer sur les deux cibles à identifier. Par cette méthode les signes de la maladie sont rendus visibles dans le cerveau.
« Le fait de pouvoir proposer un diagnostic précoce pourrait permettre de tester des traitements avant l’apparition des symptômes, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent. » s’enthousiasme Pierre Lafaye. Ces anticorps pourraient d’ailleurs être couplés à des molécules thérapeutiques, afin que celles-ci soient délivrées de manière ciblée dans le cerveau.
A l’heure actuelle, les chercheurs impliqués dans cette collaboration travaillent au développement d’une technique d’imagerie par IRM pour observer les lésions. Celle-ci pourrait être applicable à terme chez l’homme.
Cette belle avancée est un grand pas en avant vers la guérison de cette maladie qui touche aujourd’hui plus de 25 millions de personnes dans le monde !
Un handicap dans le cadre professionnel
Si la majorité des personnes contractant la maladie le font après 65 ans, 5 % des personnes atteintes d’Alzheimer sont actives lors du diagnostic. Dans la majorité des cas les personnes atteintes de ce handicap ne peuvent plus exercer leur emploi 3 ans après le diagnostic. Les troubles provoqués deviennent peu à peu incompatibles avec un maintien dans l’emploi.
En parallèle, pour faire face à cette maladie, de nombreux conjoints ont dû adapter leur activité professionnelle pour prendre en charge la personne atteinte. L’aidant nécessite un aménagement de son temps de travail.
Une détection plus précoce de la maladie permettra, sur le plan professionnel, une meilleure préparation de l’entreprise et de l’entourage. Ainsi, la cessation d’activité pourra s’effectuer de manière plus échelonnée.
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