Tous les derniers mercredis du mois, notre série « Travailler avec un collègue en situation de handicap » se penchera sur un état de santé posant parfois problème au travail. Comment contourner ces freins au bon fonctionnement d’une équipe ? C’est que nous tenterons de découvrir aujourd’hui au sujet de la dépression.
Chaque handicap est unique. Chez Talentéo, nous avons compris que si nous pouvions sensibiliser au handicap dans l’emploi, il fallait surtout prendre en compte les situations au cas par cas. Il est nécessaire de comprendre que le handicap est un ensemble de symptômes qui posent problème (ou pas) dans un contexte donné. C’est pourquoi on parle de situation de handicap.
Travailler avec une personne atteinte de dépression ne sera donc pas identique selon les cas. Nous avons recensé les traits communs de la maladie, pour que chacun puisse améliorer la relation de travail. Comprendre, c’est déjà changer les choses.
Un handicap psychique qui irait de pair avec un niveau élevé de formation
La dépression est un handicap psychique que nous appelons un handicap invisible : la personne qui en est atteinte peut souvent le « cacher ». Nous parlons bien de handicap psychique, et pas « mental ». Sont concernées des maladies aux noms qui font souvent paniquer : la schizophrénie, la paranoïa, l’anxiété généralisée, les troubles bipolaires, les troubles obsessionnels ou phobiques, et bien sûr la dépression chronique. D’ailleurs, selon l’Agefiph, il s’agit de la deuxième cause d’arrêt maladie en France avec prêt de 2 500 000 français touchés chaque année.
Gardez votre sang-froid, et pensez en dehors de la boîte. Ces personnes auraient un niveau de qualification nettement supérieur à la moyenne. Ces pathologies se déclarent généralement à l’âge adulte, sans entraver la scolarité, de plus en plus souvent au cours de cursus exigeants. Saviez-vous que Auguste Compte, Louis XV et Jacques Mayol étaient dépressifs ?…
Oubliez tout ce que vous pensez savoir : les symptômes objectifs de la dépression
Il est d’ordinaire déjà difficile de parler de son handicap, encore plus au travail. Les personnes atteintes de dépression sont très touchées par ce tabou, puisque pour la plupart des gens, « dépression » signifie tristesse. Il faut savoir que cette maladie peut toucher n’importe qui, qu’une personne soit triste, gaie, énergique, ou paresseuse. Biologiquement parlant, il s’agit d’un dérèglement chimique touchant le plus souvent la sérotonine (un neurotransmetteur), la thyroïde…
Quand un médecin cherche à faire un diagnostic, il se base sur les symptômes visibles ou ressentis du patient. Pourquoi n’arrivons-nous pas à en faire de même ? Parce que le handicap est souvent tabou. Quand vous pensez dépression, pensez à présent :
- Variations de poids, troubles du sommeil (insomnie/hypersomnie)
- Fatigue et perte d’énergie
- Ralentissement psychomoteur : troubles de la concentration et de la mémoire, difficulté à suivre une conversation, indécision
- En situation d’épisode dépressif majeur : dévalorisation, humeur triste et mélancolique, perte d’intérêt pour les activités habituelles, idées suicidaires
L’importance de ces symptômes variera selon le degré de traitement suivi par la personne qui en est atteinte !
Les préjugés sont parfois des tabous : en parler pour mieux travailler ensemble
Le problème de la dépression, et plus globalement du handicap psychique, est d’accepter qu’il s’agisse d’un handicap. Parce que les personnes en situation de handicap ont les mêmes tabous et idées reçues que le reste d’entre nous, elles ont du mal à demander une reconnaissance en qualité de travailleurs handicapé (RQTH). Le Handicap représente souvent pour eux une étiquette. Pourtant, « handicap » signifie objectivement « désavantage », pas « position de faiblesse »… !
La personne atteinte de dépression doit se distancier de ses symptômes, et comprendre qu’elle n’est pas « fautive ». Parler de symptômes aide à comprendre qu’il s’agit d’une maladie qui a sans doute des origines psychiques, mais qui a pourtant des répercussions physiques, notamment en terme d’énergie ou de concentration.
Comprendre que le handicap touche potentiellement tout le monde a tout âge de la vie aide également. . En effet, en 2021, 12 millions de français sont en situation de handicap, et dans 80 % des cas, il s’agit de handicap invisible.
Témoignages et conseils pratiques
Mon handicap était très gênant pour faire mon travail dans les temps. Tout a été beaucoup plus simple pour moi quand mon manager s’est penché avec moi sur la façon de mieux m’organiser pour gérer mon temps. Nous avons énormément discuté de ma problématique de santé, et à force, on a réussi à trouver ensemble un système qui me convenait. Ça a pris pas mal de temps, mais aujourd’hui je peux dire que j’apporte vraiment quelque chose de particulier à l’équipe, en plus de mes compétences : je les pousse à être plus synthétiques, un peu plus organisés ! Et peu à peu, j’arrive de mieux en mieux à m’organiser, et à atteindre le niveau d’exigence qu’on me demande sans me mettre la pression. L’attitude de mon entreprise a vraiment fait la différence, et me permet de dépasser la maladie, même si je sais qu’elle est chronique et qu’elle ne disparaîtra jamais vraiment.
Charlotte, 31 ans.
- Comprenez que quelqu’un atteint de dépression a plus de mal à gérer son énergie que la moyenne. Evitez de lui mettre trop de pression sur les objectifs, sinon, gare au burn-out : votre collaborateur fera tout pour réussir, mais il viendra à bout de ses réserves d’énergie très rapidement.
- Voyez avec votre collaborateur comment il s’organise pour gérer les problèmes de mémoire et de concentration. Suivre le fil dans une conversation remplie de détails peut être difficile, épargnez-lui les informations inutiles, disciplinez-vous !
- Encouragez-le à prendre des décisions, à écouter ses intuitions. Le plus souvent, il a pleinement conscience des implications des choix qui s’offrent à lui. Son souci est de se fier à son jugement, qui peut être par ailleurs excellent.
- De manière générale, évitez de critiquer son travail de façon sous-entendue. Une critique se rapportant à son travail est souvent perçue dix fois plus intensément par une personne dépressive. Parlez-en franchement et relativisez.
- Globalement, votre travail de collègue ou de manager sera de redonner confiance. Rassurez-le sur ce qui est positif, offrez-lui des retours favorables aussi souvent que possible.
- Le problème se situe enfin sur la capacité d’établir des connections. Incitez-le à être en relation avec de nombreux interlocuteurs, petit à petit.
Vous êtes en dépression et vous travaillez ? Votre collègue ou collaborateur est en dépression ? Vous vous demandez si c’est le cas et voulez en parler ? Rendez-vous sur nos plateformes sociales !
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