Selon une étude de la CFE CGC, 45 % des dirigeants français placent le bien-être mental au cœur de leurs priorités professionnelles. Malgré cela, plus de 61 % des actifs se sentent stressés au moins une fois par semaine et 30 % ont déjà vécu un burn out au cours de leur carrière. Il faut réagir, et cela passe en partie par l’aménagement des postes de travail. Mais que mettre en place et comment ? Cet article vous guide dans l’aménagement de poste pour la santé mentale afin de favoriser le bien-être en entreprise, mais aussi l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap psychique.
Pourquoi aménager un poste pour la santé mentale ?
L’aménagement du poste de travail désigne l’ensemble des adaptations mises en place pour soutenir la santé mentale d’un salarié. Ces ajustements peuvent concerner l’organisation du travail, l’environnement de travail, les interactions sociales…
Contrairement aux idées reçues, ces mesures ne sont pas de simples « faveurs », mais bel et bien des obligations légales. En effet, selon l’article L.4121-1 du Code du travail, l’employeur a l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale de ses salariés.
Si les bénéfices pour l’employé sont évidents…
- Réduction du stress et prévention de l’épuisement professionnel
- Amélioration du bien-être mental et de la motivation
- Meilleure productivité
- Maintien dans l’emploi et sécurisation du parcours professionnel
… ils sont aussi nombreux pour l’entreprise :
- Réduction de l’absentéisme et du turnover
- Climat de travail plus serein et inclusif
- Meilleure image employeur et conformité avec la législation
- Augmentation de l’engagement et de la performance globale
La santé mentale, un sujet à prendre en compte dans tous les secteurs d’activité !
Quelles situations nécessitent un ajustement du poste ?
Il est important de distinguer les troubles psychiques (qui relèvent d’une pathologie diagnostiquée) des risques psychosociaux (RPS) liés au stress au travail. Si une différence se crée dans la définition, un accompagnement adapté doit être envisagé dans les deux cas. Voyons comment identifier ces situations !
Troubles psychiques
Le trouble psychique est un état de santé qui affecte la pensée, l’humeur ou le comportement d’une personne. Un salarié souffrant de troubles psychiques peut demander la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Il pourra ainsi être accompagné par la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) et le SAMETH (Service d’Appui au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés) pour des aménagements de poste adaptés.
Les principaux troubles psychiques nécessitant un aménagement au sein de l’entreprise :
- Trouble anxieux généralisé (TAG) : sentiment persistant d’insécurité et d’inquiétude.
- Dépression : humeur pathologiquement figée dans la tristesse ou la douleur avec une perte de motivation, un sentiment d’épuisement, une difficulté à accomplir des tâches simples…
- Trouble bipolaire : variation de l’humeur entre périodes d’euphorie et de dépression.
- Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : inattention associée (ou non) à des symptômes d’hyperactivité motrice et d’impulsivité.
- Trouble du spectre autistique (TSA) : déficit de la communication et des interactions sociales, avec un fort besoin de routines.
Risques psychosociaux
Les risques psychosociaux sont l’ensemble des conditions de travail à risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Et ce, même si ces derniers ne sont pas atteints de troubles psychiques.
Les risques psychosociaux pouvant altérer le bien-être au travail sont :
- Surcharge de travail : trop de missions à gérer et manque de temps pour les réaliser.
- Manque de reconnaissance : absence de feedbacks positifs, sentiment d’inutilité.
- Relations professionnelles toxiques : harcèlement, conflits avec les collègues ou la hiérarchie.
- Perte de sens : missions répétitives, absence d’évolution professionnelle.
- Mauvais équilibre vie pro/vie perso : pression pour être disponible en permanence, absence de déconnexion.
Détecter ces signaux en tant que RH ou manager
Un salarié en souffrance psychique ne va pas forcément exprimer son mal-être. Heureusement, certains signaux peuvent alerter sur un problème de santé mentale et donc un besoin d’aménager le poste de travail. En tant que manager, vous devez être attentif aux changements de comportement : irritabilité, difficultés à gérer la charge de travail, perte de concentration, erreurs fréquentes, isolement, baisse de motivation, absences répétées, dévalorisation de soi…
Si un salarié présente un ou plusieurs de ces symptômes, ouvrez le dialogue pour trouver des solutions. Plutôt que de poser des questions intrusives, privilégiez des phrases ouvertes comme : « J’ai remarqué que tu semblais plus fatigué(e) ces derniers temps, y a-t-il quelque chose que nous pouvons faire pour t’aider ? ».
Quels sont les types d’aménagements possibles ?
Adapter les horaires de travail
Plusieurs options possibles :
- Proposer des horaires flexibles (comme arriver plus tard ou partir plus tôt) pour adapter l’emploi du temps au rythme et à l’énergie du salarié
- Mettre en place un forfait jours (plutôt que le décompte en heures) pour permettre aux salariés d’adapter leur emploi du temps selon leur état de fatigue
- Proposer le mi-temps thérapeutique après un arrêt maladie pour permettre un retour progressif sans risque de rechute
-
Accepter des temps de pause aménagés, soit la possibilité de courtes pauses fréquentes pour prévenir la surcharge cognitive
Réduire la charge de travail
Plusieurs options possibles :
- Envisager le reclassement professionnel, soit une mutation interne afin de maintenir l’emploi des salariés déclarés inaptes à leur poste actuel pour raison physique ou psychique
- Respecter le droit à la déconnexion, inscrit dans la loi n° 2016-1088,
en limitant les sollicitations hors horaires de travail
- Ajuster la charge de travail avec des objectifs réalistes et des missions bien définies. François Mallet le souligne avec humour dans son spectacle : « Je suis arrivé, on m’a remis un emploi du temps d’activité de 50 heures par semaine. J’étais en dépression, on m’a rajouté un burn-out.«
-
Varier les missions pour éviter la lassitude et l’épuisement mental
Aménager l’environnement de travail
Plusieurs options possibles :
- Créer des espaces de détente avec une salle de repos ou un coin calme pour se recentrer
- Limiter les open spaces en proposant plutôt un bureau fermé ou un coworking avec un nombre restreint de collègues. Vous pouvez aussi opter pour la distribution de casques anti-bruit.
- Proposer le télétravail à temps partiel ou sur certains jours de la semaine
- Installer un éclairage adapté avec une lumière tamisée ou naturelle pour éviter la fatigue mentale
Accompagner et soutenir psychologiquement
Plusieurs options possibles :
- Former les managers et les collègues aux problèmes de santé mentale afin de créer un environnement inclusif et bienveillant
- Proposer des consultations avec un psychologue du travail, accessibles en toute confidentialité
- Proposer des séances de relaxation ou de sophrologie pour gérer le stress
- Attitrer un tuteur interne ou un référent handicap pour faciliter les échanges avec la hiérarchie, aider à identifier l’aménagement de poste pour la santé mentale le plus adapté et jouer un rôle de soutien tant moral que professionnel
- Encourager l’auto-expression pour exprimer les difficultés sans crainte de jugement
Moduler les interactions sociales
Plusieurs options possibles :
- Travailler en asynchrone afin de réduire les interactions en temps réel
- Réduire les sollicitations imprévues avec une préférence pour les communications écrites plutôt que les interruptions en direct
- Encadrer les réunions avec un ordre du jour clair, un compte rendu écrit et la possibilité d’y assister en visio
- Désigner un médiateur en cas de conflit, soit une personne ressource pour gérer les incompréhensions sans stress
Il témoigne !
Comment mettre en place un plan d’aménagement de poste pour la santé mentale ?
Parties prenantes dans la démarche
Un bon aménagement de poste pour la santé mentale repose sur une communication fluide et une répartition claire des responsabilités.
L’employeur et le manager doivent :
- Assurer un cadre bienveillant : sensibiliser les équipes afin d’éviter la stigmatisation et favoriser l’intégration.
- Identifier les besoins : être attentif aux signaux d’alerte et ouvrir le dialogue.
- Proposer des solutions adaptées : en fonction des contraintes de l’entreprise et des recommandations médicales.
- Faciliter la mise en place des aménagements : organiser les ajustements du temps de travail, du poste ou des missions.
Le médecin du travail doit :
- Évaluer l’état de santé du salarié : comprendre ses besoins spécifiques.
- Recommander des adaptations : proposer des solutions concrètes à l’employeur.
- Assurer la confidentialité : protéger les informations médicales du salarié.
- Jouer un rôle de médiation : faciliter le dialogue entre l’entreprise et le salarié.
Le salarié doit :
- Exprimer ses besoins : oser parler de ses difficultés et de ses attentes.
- Se faire accompagner : réaliser la visite médicale avec le médecin du travail, mais aussi consulter son médecin traitant ou d’autres professionnels de la santé publique pour des recommandations adaptées.
- Collaborer activement : être partie prenante dans l’adaptation de son poste avec un retour sur ce qui fonctionne ou non.
Étapes concrètes de la mise en place
En résumé, 3 étapes sont à suivre dans l’aménagement de poste pour la santé mentale au travail :
- Étape 1, l’analyse des besoins. L’employeur doit recueillir les demandes et préoccupations du salarié. Puis, ce dernier doit échanger avec le médecin du travail pour identifier les solutions adaptées.
- Étape 2, la mise en place des aménagements. Certaines aides financières existent pour aider les entreprises à financer l’aménagement des postes de travail. Entre autres l’Agefiph, la MDPH, le FIPHFP et Cap Emploi.
- Étape 3, le suivi et les ajustements. L’employeur doit évaluer l’efficacité des aménagements, puis adapter si nécessaire en fonction du retour du salarié et du médecin du travail.
Vous avez été concerné par l’une des situations décrites et vous souhaitez témoigner ? Rendez-vous sur nos plateformes sociales !
Rejoignez-nous sur nos plateformes sociales !
Partenariat
© 2025 Talentéo. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.