Nouvelle année, nouvelles opportunités ! 2025 marque un nouveau chapitre dans la promotion de l’inclusion, en particulier dans le domaine de l’emploi des personnes en situation de handicap. Mais pour avancer dans la bonne direction, il est important de faire le point sur la situation actuelle. Quelles avancées en 2024 ? Quels défis restent-ils encore à relever ? Zoom sur les chiffres clés du handicap 2025 avec la publication de l’étude Panorama du handicap de la DREES !
Un taux de chômage élevé et persistant
Taux d’emploi des personnes handicapées
Si les progrès dans l’emploi des personnes en situation de handicap sont indéniables, les chiffres rappellent toutefois que le chemin est encore long. En 2023, le taux de chômage des personnes reconnues handicapées s’élève ainsi à 12 %. Autrement dit, il est presque deux fois plus élevé que celui de la population générale (7 %).
La durée du chômage creuse encore davantage cette inégalité. 5 % des personnes en situation de handicap sont ainsi touchées par le chômage de longue durée, contre seulement 2 % dans l’ensemble de la population. D’ailleurs, les séquelles de la crise sanitaire n’ont pas arrangé les choses… Alors que le taux d’activité général avait baissé de 0,6 point en 2020, celui des personnes en situation de handicap chutait de 2 points, mettant en lumière leur fragilité face aux crises économiques.
Heureusement, certaines initiatives nous redonnent le sourire. Les entreprises adaptées emploient aujourd’hui 41 100 travailleurs handicapés, soit en moyenne 71 % de leurs effectifs, bien au-delà de l’exigence légale fixée à 55 %. Aussi, leur nombre est en hausse de 9 % depuis 2021, preuve que ce modèle d’insertion gagne en traction.
Obstacles à l’emploi des personnes en situation de handicap
Les barrières à l’emploi sont-elles corrélées au nombre de limitations sévères ? Cela semble en tout cas ressortir des récentes données. En effet, seules 64 % des personnes ayant une limitation fonctionnelle sévère travaillent, contre 73 % des personnes sans limitation. Avec deux limitations sévères, ce chiffre tombe à 48 %, et à seulement 30 % pour trois limitations ou plus.
Les limitations physiques motrices sont les plus pénalisantes, avec un taux d’emploi de 43 %. Les limitations relationnelles, sensorielles ou liées à des difficultés de mémoire et d’organisation, bien que moins impactantes, freinent également l’accès à l’emploi.
Mesures gouvernementales pour favoriser l’emploi
Les dispositifs tels que l’Obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) encouragent l’intégration des salariés handicapés. En 2023, les entreprises assujetties à cette obligation employaient ainsi 674 400 travailleurs en situation de handicap, soit 3,6 % de leurs équivalents temps plein (ETP).
Les grandes entreprises (> 2 500 salariés) affichent des taux d’emploi plus élevés (6 %), dépassant ainsi les TPE et PME. Les secteurs de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale brillent également, avec un taux d’emploi direct de 6,1 %, loin devant d’autres secteurs.
Mais si ces résultats sont plutôt encourageants, rappelons que seulement 30 % des entreprises respectent leurs obligations par l’embauche directe. Cela laisse donc une belle marge de progression.
Un travail souvent plus précaire et plus à risque
Situations professionnelles marquées par la précarité
Les personnes en situation de handicap se retrouvent souvent dans des emplois moins valorisés et précaires. Une des principales causes : le niveau de diplôme. En effet, 52 % des travailleurs concernés par un handicap n’ont pas atteint le niveau du baccalauréat, contre 32 % pour l’ensemble des actifs. Ce manque de qualification se traduit par une surreprésentation dans des postes d’ouvriers ou d’employés (60 %) et une sous-représentation parmi les cadres (11 %).
Le temps partiel est également très fréquent. 33 % des salariés en situation de handicap travaillent ainsi à temps partiel, le plus souvent par contrainte de santé. Cela a évidemment des conséquences sur leurs revenus et leur stabilité financière.
Enfin, les métiers accessibles restent très restreints. 32 % des emplois se concentrent dans 20 professions spécifiques. Les personnes en situation de handicap sont, par exemple, très représentées dans la fonction publique. Nous les retrouvons beaucoup dans l’enseignement, la santé ou l’action sociale, mais très peu dans la communication ou la construction.
Les femmes concernées par un handicap rencontrent davantage de difficultés. Dans le secteur privé, elles occupent majoritairement des postes d’ouvriers non qualifiés, d’employés administratifs ou de secrétariat. Dans le secteur public, elles sont nombreuses à travailler comme agents administratifs ou de service.
Surexposition aux risques professionnels
Au-delà de la précarité, un travailleur concerné par un handicap fait également face à des conditions de travail plus difficiles. Il est ainsi exposé à 7 des 8 principaux risques professionnels :
- La pénibilité physique
- L’intensité du travail
- Le manque de soutien et de reconnaissance
- Les exigences émotionnelles
- Les conflits de valeurs
- Le manque d’autonomie
- L’instabilité du poste
Ainsi, les ouvriers handicapés, bien que confrontés à une pénibilité physique comparable à celle des autres ouvriers, rapportent davantage de contraintes organisationnelles et de manque de reconnaissance.
Il témoigne !
Une transition souvent difficile vers la retraite
Durée passée sans emploi ni retraite après 50 ans
Pour les personnes en situation de handicap, la transition entre la vie active et la retraite est souvent semée d’embûches. Après l’âge de 50 ans, elles passent en moyenne 7,9 années sans emploi ni retraite, une période bien plus longue que celle des personnes sans handicap (seulement 1,8 an).
Âge de départ à la retraite
En moyenne, les personnes handicapées partent à la retraite à 63 ans, soit légèrement plus tard que les personnes sans handicap (62,7 ans). Ce décalage s’explique notamment par une difficulté d’accès aux dispositifs de départ anticipé, comme ceux prévus pour les carrières longues.
Ces dispositifs, bien qu’existants, imposent des conditions d’éligibilité que les personnes en situation de handicap, souvent confrontées à des carrières morcelées ou incomplètes, peinent à remplir. Ainsi, seules 7 % des personnes concernées par un handicap sont retraitées un an avant leur retraite officielle, contre 29 % des personnes sans incapacité.
Montants des pensions et précarité financière
Au moment de la retraite, l’écart financier est frappant. Les pensions mensuelles moyennes des personnes handicapées sont ainsi bien inférieures : 562 € pour les anciens bénéficiaires de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) et 1 265 € pour les anciens pensionnés d’invalidité, contre 1 631 € pour l’ensemble des retraités.
Ce fossé s’explique encore par des carrières incomplètes. En effet, 78 % des bénéficiaires de l’AAH n’ont pas accumulé suffisamment de droits pour prétendre à une pension décente. En conséquence, 55 % des retraités en situation de handicap restent dépendants de dispositifs de minima sociaux comme l’AAH ou le minimum vieillesse pour compléter leurs revenus.
Et l’accès à la formation dans tout ça ?
Formation professionnelle
L’accès à la formation professionnelle est un incontournable pour renforcer l’employabilité d’un salarié. Si le nombre d’entrées en formation professionnelle des demandeurs d’emploi a progressé de 64 % entre 2015 et 2022, leur part relative par rapport à l’ensemble des bénéficiaires a légèrement diminué (-1,4 point).
Par ailleurs, l’efficacité de ces formations pour les personnes en situation de handicap reste perfectible. Seulement 42 % des travailleurs concernés retrouvent ainsi un emploi dans les 18 mois suivant leur formation, contre 60 % pour l’ensemble de la population.
Contrats d’apprentissage
En 2023, 14 200 travailleurs en situation de handicap ont signé un contrat d’apprentissage, soit 1,7 % des entrées totales dans ce dispositif. Bien que cette proportion reste modeste, elle marque une progression depuis 2015 (1,2 % à 1,7 %).
Ce qui a notamment aidé :
- la réforme de l’apprentissage en 2019,
- les aides financières introduites pendant la crise financière,
- une dérogation à la limite d’âge de 29 ans.
Malgré ces efforts, le potentiel de l’apprentissage reste encore sous-exploité.
Contrats de professionnalisation
Les contrats de professionnalisation, bien qu’en déclin général depuis 2020, montrent une certaine stabilité pour les travailleurs handicapés. En 2023, 2 900 contrats ont ainsi été signés par cette population.
Chiffres clés de l’emploi et du handicap, quelle conclusion en 2025 ?
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