« La transition numérique est-elle un accélérateur pour l’emploi des personnes handicapées ? ».  C’est à cette question que l’étude IFOP menée par l’Agefiph, dont les résultats ont été dévoilés lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, tente de répondre.

Avant d’être un accélérateur, le numérique n’apparait pas de prime abord comme présentant un frein. 66 % des hommes et 65 % des femmes en situation de handicap pensent qu’il représente une opportunité. Un sentiment partagé par les directions des ressources humaines. 78 % estiment en effet qu’il l’est en effet pour les personnes en situation de handicap. Une opportunité et cela à deux titres.

Le numérique : un secteur en forte croissance

D’abord, comme le rappelle Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph « c’est un secteur en tension qui est pourvoyeur d’emplois ». Le secteur du numérique reste très dynamique. Selon Numeum, la croissance attendue pour cette année est de +6,3 % et plus de 660 000 personnes y travaillent. Sans oublier qu’en 2022, 85 000 postes n’étaient pas pourvus. Le champ des possibles est large. Et Anthony Babkine, co-fondateur de l’association Diversidays dont l’objectif est d’ouvrir les métiers du numérique au plus grand nombre, de rappeler : « ce sera le plus gros recruteur en France d’ici 2030 » et lui de s’interroger « donc comment faire pour créer de la désirabilité, mais surtout permettre aux gens d’y voir clair, de se projeter, se dire que c’est un futur désirable pour eux ? ».

Ainsi, l’association propose un programme de quarante heures, DéClics Numériques, afin d’accompagner d’éventuelles reconversions. Dans le même esprit, il existe programme gratuit THalent Digital mis en place par l’Agefiph. Ainsi, le numérique peut être un formidable levier si on y associe une formation, un accompagnement. Le deuxième aspect, c’est qui dit numérique dit nouvelles technologies. Celles-ci sont à même de faciliter la vie professionnelle des personnes en situation de handicap. 27 % des personnes en situation de handicap admettent se sentir très souvent ou assez souvent stressés par l’utilisation d’un outil numérique. 79 % se disent à l’aise pour utiliser les outils bureautiques.

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Un nouveau frein à l’accessibilité ?

Malgré tout, apparait également en filigrane une crainte d’aller vers davantage d’inaccessibilité et de creuser des inégalités. Une préoccupation qui s’exprime à travers cette étude puisque 83 % des personnes en situation de handicap et 79 % du grand public se disent inquiets que « certaines personnes soient mises de côté, car elles maitrisent mal les outils numériques ». Sans oublier évidemment l’Intelligence artificielle qui reste une menace pour l’emploi pour 79 % des personnes en situation de handicap et 71 % du grand public et 75 % se disent méfiants, voire hostiles au développement de la réalité virtuelle ou augmentée. Et Fernando Punto da Silva, expert accessibilité numérique à la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France de commenter «  une personne sur cinq va avoir des difficultés d’accès parce que les systèmes ne vont pas forcément être bien conçus ».

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Donner un nouveau visage aux universités

Sophie Rattaire, coordinatrice interministérielle à l’accessibilité universelle au Secrétariat général du Comité interministériel du handicap d’ajouter « je comprends la prudence des personnes en situation de handicap par rapport à cette opportunité que représentent les outils numériques, parce qu’il faut qu’ils soient nativement accessibles. S’il n’y a pas cette prise en compte dès l’origine, cela va se révéler être un frein. Donc, aujourd’hui, la question, c’est de savoir comment on agit pour former ceux qui créent les outils numériques et former ceux qui les utilisent ». Là encore le maître-mot reste la formation. À cette question, Sophie Rattaire a une réponse. « La conférence nationale du handicap (NDLR : qui a eu lieu le 26 avril dernier a prévu plusieurs mesures », rappelle-t-elle. « À première se situe au niveau des universités. Cinq d’entre elles vont s’engager sur une exemplarité par rapport à l’accessibilité physique et numérique.

Elles verront comment le numérique peut permettre de rendre accessibles des pédagogies et la formation. Cette mesure va se déployer en 2024 en lien avec le travail effectué par le CNCPH. À travers un cahier des charges, cela consistera à déterminer ce que serait l’université idéale pour que des étudiants aux besoins spécifiques ». Enfin, Sophie Rattaire rappelle que les directives européennes obligent à rendre les sites accessibles. De plus, 60 millions d’euros vont être dégagés afin de rendre les sites publics accessibles. Elle ajoute : « les contrôles et les sanctions seront renforcés à travers une autorité qui est l’ARCOM ».

Et Didier Eyssartier de conclure :« Les personnes en situation de handicap sont réellement technophiles.  C’est en faisant en sorte qu’elles intègrent le secteur du numérique qu’on pourra nativement créer des produits et des services accessibles ».

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