Peu de personnes le savent, mais tout le monde peut un jour devenir aidant familial. Mais en quoi cela consiste exactement ? Quels sont les dispositifs ? Focus sur cette aide à la personne essentielle et témoignage de Christelle EVITA.
Pouvez-vous vous présenter et présenter vos initiatives ? Quel est votre parcours ?
Je suis Christelle EVITA. Je suis officiellement devenue aidante le jour où ma mère a chuté et a été hospitalisée. Le corps médical nous a demandé à ma sœur et moi de faire accueillir notre mère en EHPAD.
S’en sont suivis : sidération, colère, isolement, solitude, manque d’argent, culpabilité, colère, brouilles familiales. Cette période entraine parfois aussi un burn-out voire une dépression.
De cette expérience intense et inattendue, j’ai décidé de faire une force en me spécialisant dans le soutien aux aidants et salariés-aidants, qui représenteront 1 actif sur 4 d’ici 2030. C’est pour cela que j’ai aussi à cœur de sensibiliser les entreprises, que ce soit par le biais de conférences ou d’animations.
Pour finir avec mon expérience, j’ai eu des difficultés à articuler cette nouvelle vie d’aidantes avec mes autres vies. J’ai eu du mal à reconnaître que ma vie d’avant, était révolue.
Être aidant, qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Selon le gouvernement c’est « une personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie » quelle que soit la raison.
Autrement dit, on peut être aidant auprès d’un membre de sa famille, être parent-aidant, jeune-aidant ou aidant de plusieurs personnes. Il y a beaucoup de configurations différentes !
Le point commun est la prise en charge d’une personne qui ne peut pas ou ne peut plus assurer les actes essentiels de la vie courante comme se nourrir, se vêtir, se déplacer, etc.
Quelles sont les plus grandes difficultés lorsqu’on devient aidant ? Comment les surmonter ?
Il faut mettre en musique ses différentes vies : sa vie d’aidant, sa vie personnelle et familiale et sa vie professionnelle. C’est extrêmement intense en termes de charge mentale, de fatigue. Entre autres !
C’est aussi devoir souvent s’effacer au profit de l’autre. Comment trouver le bon équilibre ?
Je conseille d’être accompagné dans son parcours d’aidant ! Se tourner vers une ligne d’écoute comme Avec nos proches, participer à des cafés aidants. Il est aussi possible de solliciter un soutien psychologique ou médical voire déléguer quand cela est possible. En effet, des solutions existent comme l’accueil de jour, le séjour de répit, le recours à l’entourage etc. Autant de mesures à activer sans attendre la dernière limite pour éviter le burn-out qui n’est jamais loin.
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Où trouver des ressources utiles ? Vers qui se tourner ?
C’est une des grandes difficultés de l’aidance !
Trouver les bonnes informations au bon moment dans ce domaine est un peu ardu car les informations sont éparpillées. Mais des dispositifs existent ! J’ai par exemple sorti mon podcast. Je pense aussi à l’Association Française des Aidants (AFA) qui propose un certain nombre de fiches pratiques !
Pour les aidants de malades atteints de la maladie d’Alzheimer, l’assistant virtuel Alix, créé par IA Medical est incontournable. Réalisé par, et pour des personnes concernées, le chatbot recense les ressources humaines et techniques, les formulaires administratifs, les contacts des organismes et services.
Être aidant, quel impact sur la vie professionnelle ? Quels dispositifs peut-on mettre en place ?
47 % d’entre nous ont une activité professionnelle, soit environ 1 salarié sur 10 en France selon l’AFA !
Mon temps et ma concentration sont devenus extrêmement précieux. De ce fait, mes réunions de travail ne durent jamais plus de 30 minutes, toujours associées à un ordre du jour avec un début et une fin de réunion que je respecte… sans oublier que je ne planifie plus des réunions sur des horaires tardifs ou très tôt et que je demande aux participants s’ils ont des contraintes d’agenda ! Cela peut sembler du détail mais en fait non. J’ai tellement souffert d’être bloquée dans des réunions impréparées, qui s’étalaient et m’obligeaient à en partir car je devais rendre visite à ma mère à l’EHPAD, dont les horaires, eux sont très stricts.
C’est à chacun de trouver les manières de faire qui conviennent. Je conseille de ne pas hésiter à envisager de changer d’activité professionnelle, s’octroyer une formation, solliciter les congés aidants qui peuvent soulager… Le nec plus ultra étant de pouvoir échanger avec son employeur pour trouver des solutions grâce à une souplesse organisationnelle !
Malgré tout, ce ne sont pas que des difficultés, avez-vous des anecdotes à nous partager sur votre expérience d’aidant ?
J’ai découvert un écosystème méconnu, un univers riche peuplé de personnes toujours prêtes à aider, regorgeant d’idées et d’initiatives pour faciliter la vie des concernés. Devenue aidante pendant le COVID, j’ai rencontré beaucoup d’aidants en ligne. Nous sommes maintenant très proches et régulièrement dans l’échange et le soutien. Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés en chaire et en os !
Quels conseils donneriez-vous aux aidants qui nous lisent ?
N’attendez pas d’atteindre vos limites pour vous faire accompagner. Forcez-vous un peu à conserver des jardins secrets, des passions. C’est indispensable pour continuer à bien accompagner la personne que vous aidez, et ne pas se confondre avec elle !
Vous êtes salarié aidant ou vous connaissez un aidant familial ? Vous souhaitez témoigner de votre expérience ? Venez partager votre expérience et vos conseils sur nos réseaux sociaux !
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