Cette année encore, l’association L’Hippocampe organisait la 24ème édition de son concours de bande dessinée en partenariat avec le Festival de la BD d’Angoulême et réservée aux personnes en situation de handicap. Le but ? Valoriser les personnes en situation de handicap à travers la culture. Ainsi, Mireille MALOT, Présidente de l’Association L’Hippocampe a accepté de nous en dire plus sur le festival et l’association.
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?
Je suis mère d’une enfant polyhandicapée, atteinte du syndrome de Rett et j’ai fondé en 2005 l’association L’Hippocampe.
J’évolue dans le milieu associatif / handicap depuis plus de 30 ans. D’ailleurs, j’ai fondé plusieurs associations avec le soutien d’autres parents :
- L’Association française du syndrome de Rett ;
- L’association Handicap Conseil ;
- Iris Initiative.
En juillet 2001, j’ai remis un rapport à Jack LANG et Ségolène ROYAL. Il portait sur l’inclusion des enfants avec handicap à l’école : « L’aide humaine à l’intégration scolaire des élèves handicapés », qui contenait une vingtaine de propositions.
Pour sensibiliser le grand public au polyhandicap, j’ai eu l’idée de m’appuyer sur la bande dessinée. Ainsi, avec l’aide d’Yves POINOT, alors président du Festival d’Angoulême, nous avons initié un concours de bande dessinée inédit. L’objectif était de mettre en avant les artistes en situation de handicap.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’association L’Hippocampe ?
Créée en 2005, l’association L’Hippocampe a pour objectif principal le développement d’actions culturelles et artistiques en faveur de l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap ou de leur accès aux arts et à la culture.
Elle organise, chaque année, 2 événements, le concours de bande dessinée à Angoulême et le festival de courts métrages « Métiers & Handicaps », Regards Croisés.
En janvier 2020, l’association L’Hippocampe et la Cité ont signé une convention de collaboration. Nous voulions améliorer la diffusion et la notoriété des actions menées par L’Hippocampe. L’objectif était également de pérenniser le concours de bande dessinée des Hippocampes d’Or et accroitre les effets sociaux de ces actions.
Nous voulions créer du lien entre différentes composantes du territoire, renforcer la dynamique d’intégration sociale et de sensibilisation à des fins éducatives et artistiques des personnes en situation de handicap.
Vous organisez le concours de la BD d’Angoulême, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Ce concours national est ouvert à toute personne jeune ou adulte en situation de handicap et accueillis en établissements médico-sociaux, en foyer ou intégrés à l’école ordinaire.
Frank MARGERIN, auteur de bande dessinée, Grand Prix de la Ville d’Angoulême en 1992 et fidèle soutien à L’Hippocampe depuis 17 ans, est le président du Jury. Il est entouré d’auteurs, scénaristes, dessinateurs… tels que Serge CARRIERE, Christophe CAZENOVE, DOMAS, DUF, FAWZY, Olivier JOUVRAY, Jean-Luc LOYER, Antoine OZANAM, PILAU, de professionnels du secteur médico-social, d’acteurs du monde de l’entreprise et d’anciens lauréats du concours.
Les gagnants se voient récompensés lors du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Grâce à ce concours, des activités BD sont entrées dans les établissements spécialisés impulsant une véritable dynamique. C’est la preuve que les personnes en situation de handicap ont du talent et ont leur place dans l’univers de la BD.
Au-delà de la mise en avant des talents révélés au cours des différentes éditions, ce concours montre la grande diversité des dessinateurs de tout âge qu’ils soient déficients intellectuels, sensoriels, moteur ou présentant des troubles psychiques. Par ailleurs, il permet à toutes les sensibilités graphiques de s’exprimer.
Le concours a permis de révéler des talents. Il nous a même permis de créer un ESAT hors-les-murs à Angoulême. Il accueille des dessinateurs en situation de handicap. Il s’agit d’une innovation sociale totalement inédite en France imaginée par L’Hippocampe pour permettre à ces talents émergents de dessinateurs de se développer et de leur offrir un débouché professionnel épanouissant.
Ainsi, l’ESAT Image – Arts graphiques délivre des prestations de communication par la bande dessinée à des entreprises et organismes publics : illustration de documents de communication, de fiches pratiques, procédures, newsletters, plaquettes, etc. 5 dessinateurs en situation de handicap ont rejoint l’ESAT depuis sa création en 2013.
Intégrés à l’Atelier du Marquis, cet environnement professionnel et amical permet aux dessinateurs de progresser rapidement. Ce sont non seulement leur pratique du dessin qui évolue, mais aussi la maîtrise de la bande dessinée en acquérant de nouvelles techniques.
Que désirez-vous promouvoir à travers ce concours ?
Le concours de BD comme le Festival Regards Croisés visent à promouvoir le talent des personnes en situation de handicap. Nous avons pour habitude de dire que « le handicap n’empêche pas le talent ». En ce sens, la créativité des planches de BD du concours ou les courts métrages du Festival attestent de l’insertion sociale et professionnelle de ces publics.
En outre, le travail réalisé par les travailleurs de l’ESAT Arts Graphiques-Images est remarquable, ils collaborent régulièrement pour des entreprises ou des productions cinématographiques.
Vous organisez également le Festival Regards Croisés, pouvez-vous nous en dire plus sur le sujet ?
Regards Croisés est un festival de courts métrages « Métiers & Handicaps ». Il contribue à promouvoir les politiques menées en faveur du handicap. Par ailleurs, il incite aussi à l’échange d’expertises et au retour d’expérience à partir des courts métrages. Les compétiteurs expriment en 6 minutes maximum, de manière drôle, décalée ou sérieuse, leur vie au travail.
L’association L’Hippocampe est convaincue que le Festival Regards Croisés peut aider à changer le regard des entreprises sur le handicap. Ainsi, c’est un regard porté par l’optimisme, inspiré par les perspectives d’enrichissement humain et de création de valeurs. L’association L’Hippocampe souhaite créer un réflexe positif auprès des entreprises en sensibilisant les DRH et les managers.
Selon vous, la culture est-elle synonyme d’émancipation et d’inclusion pour les personnes en situation de handicap ?
La culture et l’art peuvent et doivent être considérés comme des outils précieux pour l’inclusion sociale. En effet, ils servent de complément aux différentes manières de développer l’apprentissage et les connaissances. A travers la peinture, le théâtre, la danse, le cinéma, les musées et bien d’autres segments artistiques, les gens peuvent réfléchir sur la réalité dans laquelle ils sont insérés. Ils peuvent aussi s’exprimer, éveiller la créativité et stimuler la coordination motrice.
Même si, imperceptiblement, nous sommes toujours en contact permanent avec l’art et la culture, très spontanément nous avons fini par absorber cette production culturelle. Cependant, l’art et la culture peuvent également être utilisés comme mécanismes d’inclusion sociale, par l’apprentissage ou la « consommation ».
Par conséquent, inclure l’art et la culture est très important pour la formation culturelle et sociale des individus. Ils éveillent chez les gens la possibilité d’exprimer leurs sentiments et de construire leur propre identité.
L’art et la culture, développés en milieu scolaire, peuvent également contribuer à la réduction de la discrimination, des inégalités et des préjugés. Par conséquent, il est important de promouvoir une sensibilisation continue au sein de l’espace éducatif.
Auriez-vous un dernier message à délivrer à nos lecteurs ?
Les personnes en situation de handicap sont avant tout des personnes à part entière avec les mêmes besoins, envies et désirs que n’importe quel autre humain. Elles ont besoin d’interactions sociales, d’autonomie et de travailler.
Vous avez envie d’en savoir plus sur l’association L’Hippocampe ? Rendez-vous sur leur site internet ou posez-nous vos questions directement sur nos réseaux.
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