Talentéo poursuit sa série « Travailler avec un(e) collègue en situation de handicap » ! Aujourd’hui, nous nous intéressons à une pathologie bien spécifique : le daltonisme.
Que signifie être daltonien ?
Beaucoup de personnes pensent communément qu’être daltonien signifie confondre deux couleurs principales : le vert et le rouge. En réalité, les daltoniens ont une perception faussée des couleurs, avec deux couleurs dominantes – le plus souvent le bleu et le jaune – et leurs nuances. On parle de dichromates. Pour le daltonisme, on ne parle pas de maladie mais d’anomalie. C’est un défaut visuel souvent héréditaire et aucun traitement ne peut corriger cette mauvaise perception des couleurs.
Il y a plusieurs types de daltonisme. En effet, même pour le trichomate qui voit toutes les couleurs, il y a des différences légères de perception. La personne daltonienne trichomate a une faible perception du rouge – que l’on nomme protanomalie -, une faible perception du vert – deutéranomalie, et une faible perception du bleu – tritanomalie.
Chez le dichromate – le daltonien qui ne perçoit que 2 des 3 couleurs primaires, il y a la pronopatie – perception seulement du vert et du bleu -, la deutéranopatie – pour le rouge et le bleu – et la trinatopie – pour les daltoniens qui ne perçoivent que le rouge et le vert. Enfin, il existe une dernière catégorie : les monochromates. Ils ne voient que le noir et le blanc, nuancé de gris.
Quelles en sont les causes ?
Le daltonisme est lié à une anomalie génétique héréditaire relativement fréquente. Le daltonisme se transmet via les chromosomes, notamment par le chromosome sexuel X qui agit sur la perception des couleurs. Cette transmission génétique explique que les hommes sont plus majoritairement touchés par le daltonisme, que les femmes. En effet, il y a 1 daltonien sur 100 hommes, contre 1 daltonienne pour 10000 femmes. L’anomalie génétique est compensée chez la femme par le deuxième chromosome X – alors que les hommes sont composés des chromosomes X et Y. Plus le gène est anormalement formé, plus la confusion au niveau des couleurs est importante.
En outre, cette disparité est due au fait que le gène est récessif – il suffit de la présence d’un gène normal pour que l’anomalie ne s’exprime pas. La femme n’est daltonienne que si ses deux chromosomes, hérités de ses deux parents, portent le gène défectueux. Ce qui est rare ! En revanche pour l’homme, il suffit qu’il hérite d’un seul gène anormal pour qu’il soit daltonien. Cette transmission liée au sexe explique pourquoi les hommes ne transmettent jamais leur daltonisme à leur fils – puisqu’ils ne lui donnent que le chromosome Y – alors que des mères peuvent « transmettre » l’anomalie alors qu’elles ne sont pas daltoniennes.
Détecter le daltonisme
Le dépistage du daltonisme est extrêmement simple et se fait normalement lors de la première visite médicale à l’école. L’anomalie est repérée à l’aide de planches représentant des chiffres ou des dessins formés avec des points colorés sur un fond d’une autre couleur. Un autre test est le test d’Hishihara. Le daltonien ne peut distinguer le dessin. Le type de daltonisme sera précisé par un examen ophtalmologique.
Quels sont les signes ? Comment cela se traduit-il ?
Le daltonisme se traduit donc par une perception erronée, différente des couleurs : les personnes ayant une vision normale sont trichromates normales, elles possèdent les trois types de cônes et voient l’ensemble des couleurs.
Les daltoniens sont dichromates, ils ne possèdent que deux types de cônes, généralement bleu et vert. Ils ne perçoivent que trois teintes : bleu, jaune et une teinte entre le blanc et le gris. Pour certains cas rares, les trois cônes manquent et la personne est monochromate. A l’inverse, parfois les cônes sont bien présents mais ne transmettent pas parfaitement le signal correspondant à la couleur, ce qui entraîne une légère altération de la vision colorée – c’est un trichromatisme dit anormal.
Enfin, certaines maladies comme le diabète ou un glaucome peuvent entraîner une baisse de la vision des couleurs. Ce qui est souvent non perçu par les patients. Contrairement au daltonisme, ces cas de « dyschromatopsies » peuvent s’aggraver avec l’évolution de la maladie.
Quelle part de la population en est atteinte ?
2,67 millions de Français sont daltoniens. Environ 4 % de la population française souffre de daltonisme : 8 % des hommes et 0,5 % des femmes.
Quelles sont les personnalités concernées par le daltonisme ?
De nombreuses personnalités ont reconnu être concernées par le daltonisme, notamment :
- Keanu Reeves, acteur canadien
- Paul Newman, acteur, réalisateur, producteur et scénariste américain
- Bill Clinton, juriste, homme d’Etat et ancien président américain
- Howie Mandel, acteur, scénariste et producteur de cinéma canadien
- Bing Crosby, chanteur et acteur américain
- Stephen Hawking, physicien théoricien britannique
- Christopher Nolan, réalisateur, scénariste, monteur et producteur de cinéma britanno-américain
- Mark Zuckerberg, chef d’entreprise américain, fondateur de Facebook. Si la plateforme sociale est majoritairement bleue, cela s’explique par le fait que Mark Zuckerberg soit daltonien et que le bleu soit la couleur qu’il distingue le mieux !
- Meat Loaf, chanteur et acteur américain
- Jack Nicklaus, golfeur professionnel
- Le Prince William
Quels sont les préjugés les plus courants quant à l’efficacité professionnelle des personnes atteintes de daltonisme ?
Les personnes daltoniennes peuvent être victimes de préjugés dû à la méconnaissance de leurs troubles de la vision, que l’on associe souvent à tort à des troubles cognitifs et psychologiques. De plus, comme il s’agit d’une pathologie « invisible », ce n’est pas toujours compréhensible de la part des collègues et collaborateurs. Pourtant, il n’en est rien. La personne daltonienne ne sera pas moins efficace qu’un autre. Les exemples des personnalités ci-dessous le montrent bien. Les perceptions visuelles – sauf pour certains métiers très spécifiques – ne sont qu’un détail.
Quelles sont les solutions à envisager ?
Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement capable de restituer une vision « standard » des couleurs. Certains opticiens proposent des verres et des lentilles de contact afin de compenser les anomalies, mais ces produits sont encore perfectibles. Le daltonisme n’entraîne pas vraiment de handicap réel, dans le sens où le daltonien a son propre système de références… Ces anomalies ne nécessitent pas de surveillance médicale particulière et n’augmentent en rien des risques de défaillances visuelles.
Comment accueillir un collaborateur concerné ?
Tant que votre collègue daltonien exerce un travail qui n’est pas en opposition avec son daltonisme, il n’y a pas de solutions particulières à envisager, juste du respect et de la bienveillance. Vous pouvez en parler avec lui s’il le désire et comprendre simplement dans quelles tâches professionnelles au quotidien, ces anomalies pourraient le gêner. Quel est son type précisément de daltonisme. Et si vous sentez que cela peut se révéler être une force, n’hésitez pas à le souligner !
Vous êtes concerné(e) par le daltonisme et souhaitez témoigner ? Vous avez un proche concerné ? Nous vous donnons la parole sur les réseaux sociaux !
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