A l’heure actuelle, un constat est sans appel, trop peu de jeunes en situation de handicap suivent des études supérieures à la suite de leur parcours dans le secondaire. Si de nombreux facteurs entrent en cause, l’un d’eux est majeur : les difficultés d’orientation. Nous avons rencontré Alain Fournier, Directeur Recrutement, Mobilité et Diversité du Groupe BPCE et Christian Grapin, Directeur de l’association TREMPLIN Handicap. Ils nous parlent d’un partenariat qui fait sens pour l’inclusion.
La Banque Populaire a récemment signé un partenariat avec l’association TREMPLIN Handicap, quels sont les objectifs de vos engagements auprès des étudiants en situation de handicap ?
Alain Fournier : Nous avons constaté que, ces dernières années, le recrutement direct était de plus en plus difficile dans la mesure où nous sommes de plus en plus exigeants sur les diplômes requis. En effet, nous recherchons des talents ayant un niveau allant du bac+3 au bac+5, et nous constatons que les personnes en situation de handicap y sont sous-représentées.
En quelques années nos recrutements d’alternants ont été divisés par 3 voire 4. Avec l’évolution des métiers bancaires, et notamment leur digitalisation, nous ne parvenons pas à trouver les profils requis. Il s’agit là d’une véritable inquiétude.
Nous nous sommes donc rapprochés de l’association TREMPLIN Handicap pour aller au plus près des talents qui nous rejoindront demain. Par le biais de ce partenariat, nous souhaitons à la fois nous faire connaître auprès de ces étudiants, mais également accompagner certains d’entre eux durant leur parcours de formation pour les soutenir et les conseiller durant leurs études.
Pour cela, nous allons proposer à des collaborateurs de devenir des tuteurs au sein des Banques Populaires qui pourront apporter à ces étudiants une aide précieuse. Notre objectif est de contribuer à ce que moins d’étudiants en situation de handicap sortent du circuit avant la fin de leur parcours.
Comment faire pour profiter du tutorat de la Banque Populaire lorsqu’on est étudiant en situation de handicap ?
Christian Grapin : Dès le collège, les jeunes en situation de handicap ou leurs parents peuvent nous contacter. Ils peuvent aussi passer par leur structure de formation. Au sein des collèges comme des lycées ce sont les proviseurs, les professeurs principaux, les CPE, les CDI ou les infirmières scolaires qui se rapprochent de nous. Ensuite, la première étape, primordiale, est de rencontrer l’élève, sa famille et les professionnels qui l’encadrent. Le but ? Apprendre à connaître ce jeune qui se tourne vers nous dans sa globalité et non sous le seul prisme de ses troubles de santé et de leurs conséquences. C’est à cette condition que nous pourrons proposer un accompagnement sur mesure. C’est aussi à cette condition que nous pourrons d’une part déconstruire leurs préjugés et de l’autre montrer qu’un jeune handicapé est avant tout… un jeune. Ce travail ne peut se faire sans les professionnels intervenant auprès de lui.
Grâce à cette connaissance du jeune, nous sommes en capacité d’accompagner, dès l’amont, et dans la durée les tuteurs du Groupe BPCE et permettre à ce que leur tutorat soit une réussite.
Quels étudiants pourraient rejoindre la Banque Populaire, et plus globalement le Groupe BPCE, pour un stage, une alternance ou un premier emploi ?
Alain Fournier : L’essentiel de nos recrutements se fait sur des métiers à dominante commerciale. Les collaborateurs sont soit en lien direct avec nos clients, soit en contact d’assistance sur des plateaux téléphoniques. Il s’agit là de 70 à 80 % des recrutement réalisés par les Banques Populaires. Les 30 % restant concernent les fonctions support comme la finance, les risques, la conformité ou encore le marketing.
Malheureusement, les métiers commerciaux sont souvent, à tort, déconseillés aux personnes en situation de handicap par les écoles, comme par leur entourage. C’est cette tendance que nous souhaitons inverser en agissant à notre niveau. C’est pour cela que nous devons sensibiliser et aider les étudiants concernés dès le lycée pour qu’ils accèdent au bac puis aux études supérieures.
Que va vous permettre ce partenariat ? Quels sont vos objectifs dans ce cadre ?
Christian Grapin : Depuis 1992, date de la création de l’association TREMPLIN Handicap, la question du handicap dans notre société a évolué. Mais le constat est sans appel : d’un côté, les entreprises demandent de plus en plus de qualifications et de l’autre, le nombre d’étudiants handicapés au-delà du Bac reste très faible. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé une grande réflexion avec l’ensemble des employeurs partenaires de notre association, mais aussi des jeunes, parfois de leurs parents, et des centres de formation. Nous devions amener nos entreprises à changer de paradigme pour amplifier l’impact sociétal de nos actions sur la réussite académique des jeunes en situation de handicap et des conséquences directe de celle-ci sur leur entrée dans le monde du travail.
En effet, s’ils sont aujourd’hui plus de 100 000 au collège, ils ne sont ensuite plus que 30 000 en lycées – dont 60 % en filière professionnelle – et 4 000 inscrits en études supérieures. Cette déperdition contribue malheureusement à maintenir un taux de chômage général des personnes handicapées deux fois supérieur à celui des personnes dites « valides » (20 % contre 10 %), et un taux de chômage des jeunes en situation de handicap qui atteint les 30 %
Nous avons donc décidé d’agir dès le secondaire, car c’est à ce moment-là que commence à se jouer la question de l’orientation. C’est donc à ce moment-là, au plus tôt, qu’il faut lutter contre les déterminismes et les auto-censures en déconstruisant les stéréotypes que ces jeunes – et leur entourage – peuvent avoir sur leurs choix d’orientation et leurs possibilités pour les amener à construire des perspectives académiques et professionnelles – et aussi personnelles – plus ambitieuses. C’est à ce moment-là qu’il faut commencer à leur parler de métier, de parcours d’études, de passerelles, d’enseignement supérieur et leur montrer que handicap et réussite ne sont pas antinomiques pour y arriver.
L’engagement de nos entreprises à nos côtés pour y parvenir est primordial. Ce sont elles qui finalement par leur capacité à accompagner ces jeunes, les conseiller, les accueillir en stage, en job étudiant, en job d’été, en alternance leur ouvrirons le champ des possibles. Le Groupe BPCE a non seulement compris ce changement de paradigme mais y a souscrit pleinement et veut y prendre toute sa part à travers notre partenariat.
Alain Fournier : Permettre l’accès aux études supérieures des personnes en situation de handicap est vraiment l’objectif de TREMPLIN Handicap. Jusqu’à présent l’association nous présentait des CV d’étudiants correspondant à nos attentes. Aujourd’hui, nous souhaitons nous engager davantage à leurs côtés. Nous partageons des valeurs communes pour encourager et accompagner du lycée à l’obtention du diplôme.
C’est dans ce cadre que nous allons mettre à disposition des tuteurs qui seront soit des référents handicap, soit des collaborateurs de la Banque Populaire. Certains de nos salariés sont prêts à donner de leur temps pour aider les étudiants et leurs familles.
Travaillez-vous avec des écoles partenaires et/ou cibles dans ce cadre ?
Alain Fournier : Nous avons commencé avec certains IAE, mais nous en sommes encore aux balbutiements. La première étape a été d’effectuer un audit de l’alternance des jeunes en situation de handicap au sein du Groupe BPCE. Dans les leviers que nous avons identifiés, la relation écoles s’est très vite imposée.
En tant qu’entreprise, nous ne pourrons pas agir seuls, les écoles et les universités doivent avoir des dispositifs handi-accueillants. C’est pour cela que nous demandons à nos référents handicap en local de prendre contact avec les établissements de leurs régions. Grâce à cela, nous pourrons les aider sur le sujet, tout en repérant des talents !
Quels conseils donneriez-vous aux personnes hésitant à commencer ou continuer leurs études du fait de leur handicap ?
Alain Fournier : Je pense qu’il faut leur donner des messages encourageants. Les entreprises, et notamment la Banque Populaire, sont prêtes à accueillir des personnes en situation de handicap. Il ne faut pas hésiter à postuler et à nous faire part de votre projet professionnel.
Si votre formation ne semble à première vue pas correspondre à nos prérequis, ce n’est pas grave ! Le Groupe BPCE dispose de moyens pour vous former à nos métiers. Nous recherchons de plus en plus à diversifier nos profils notamment avec les facultés de sciences humaines. Celles-ci apportent des compétences essentielles, comme l’élocution, l’écoute et la culture générale. Si vous êtes issus de ces formations et que les métiers bancaires vous attirent, nous serons capables de vous donner les moyens de réussir !
Christian Grapin : D’essayer de comprendre ce qui les fait hésiter. Est-ce parce qu’ils pensent ne pas pouvoir y arriver ? Est-ce parce qu’on leur dit que ce n’est pas possible ? Est-ce parce que le champ d’opportunités semble très faible ? Dans tous les cas, il est important de bien se poser la question et d’aller au bout de la réponse. En effet, bien souvent, il s’agit de craintes basées sur des a priori des jeunes eux-mêmes, de leur entourage et encore parfois des acteurs académiques.
Si un jeune s’interroge, doute, est enclin à renoncer, alors qu’il n’hésite surtout pas à se rapprocher de nous pour faire ce point. Depuis un an, nous complétons notre accompagnement individuel par des ateliers collectifs pour travailler sur l’orientation et le projet professionnel.
A nous seuls nous n’avons pas toutes les réponses, mais avec notre réseau de 150 employeurs privés et publics dont le Groupe BPCE, nous serons toujours en mesure de les trouver et, parfois même, de les construire !
Vous aussi, tentez l’expérience des métiers bancaires avec le Groupe BPCE !
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