Vous l’avez découverte il y a quelques mois dans nos colonnes, voici des nouvelles de Fiona. Partie au bout du monde avec l’objectif de sensibiliser à son handicap invisible, la jeune femme aborde la deuxième étape de son voyage : l’Asie. L’occasion pour Fiona de nous faire un premier bilan et de nous montrer que voyager avec un handicap ce n’est pas tous les jours facile.
Après 3 mois en Australie, c’est l’heure de partir pour une nouvelle destination, quel est ton ressenti ?
Je n’arrivais pas à réaliser que c’était mon dernier jour à Sydney, c’est la première fois que j’étais aussi triste de partir d’un endroit. Je n’avais aucun moyen de rester en Australie à part en visa touriste et cela a été une grosse claque d’apprendre ça. Je me voyais bien rester là-bas un moment.
Mais même si je trouvais un sponsor, ce qui est devenu très compliqué, je ne serais pas acceptée après les examens médicaux. Mon traitement coûte trop cher et il ne serait pas pris en charge donc le visa serait refusé. C’est aussi la première fois que je me rends compte que ma pathologie et mon handicap invisible peuvent être un frein et me bloquer dans ce que je veux faire.
Mais j’essaye de rester positive car après tout j’ai la chance d’être à l’autre bout du monde !
Quelle était la prochaine étape de ton parcours après l’Australie ?
Après l’Australie, une escale était prévue en Nouvelle-Calédonie uniquement pour récupérer la deuxième moitié de mon traitement soit 3 mois. J’avais tout anticipé au niveau des démarches en juin donc 7 mois avant.
Je devais rester 1 semaine pile, mais comme à chaque fois, je n’avais qu’un billet aller puisque j’aime bien décider d’où je vais ensuite selon l’envie et les rencontres.
Et … je suis restée bloquée 3 semaines de plus que la semaine prévue à cause de démarches administratives parce que rien n’était fait et que la sécurité sociale locale ne me donnait pas les informations ni les procédures à faire.
Résultats : j’ai du aller voir un médecin généraliste sur place qui ne me connaît absolument pas pour qu’il valide ou non que je suis bien atteinte d’une spondylarthrite ankylosante de forme sévère et que j’ai bien droit à une prise en charge à 100 % par la sécurité sociale.
Comment as-tu vécu cette situation ?
Cela a été un gros coup dur de devoir « prouver » que j’ai cette pathologie alors que la France l’attestait déjà ! Après que le médecin ait du remplir tout le protocole de prise en charge et de soins pour le 100 %, la sécurité sociale locale m’annonce que le médecin conseil de cette dernière doit donner son accord ou non pour savoir si le 100 % est justifié ! Le délai pour la réponse se situe entre une semaine et .. 2-3 mois !
Après un forcing de ma part, j’ai réussi à obtenir le document le jour même. Mais les imprévus ne se sont pas arrêtés là puisque par la suite, la pharmacie a dû commander mes traitements car elle ne disposait pas de tous les médicaments nécessaires et surtout pas en quantité suffisante.
Au final j’ai dû rester 3 semaines de plus « juste » pour récupérer mes traitements auxquels j’ai le droit et pour lesquels la France avait donné son accord…
Quelles ont été les conséquences de cet imprévu ?
Les 3 semaines en auberges de jeunesse à attendre que ça se débloque ainsi que les transports m’ont coûtés plus de 1000 euros soit la moitié du budget prévu pour les 3 mois en Asie. J’ai surtout perdu 1 mois sur les 3 prévus en Asie puisque les prix des billets pour les Philippines depuis Nouméa étaient excessivement chers.
J’ai dû retourner en Australie en redemandant un visa en urgence et partir sept jours après pour avoir un prix correct ! Une fois le billet payé pour Manille, il ne me restait plus que 400 euros pour deux mois en Asie.. au lieu des 2000 euros prévus. J’ai dû faire appel à mes parents pour m’aider et relancer la cagnotte en ligne ouverte au début de mon voyage.
Pourquoi avoir décidé de raconter cette anecdote ?
Cette anecdote est intéressante car elle montre qu’il n’est pas facile de voyager quand tu as des contraintes comme les médicaments parce que tu ne peux pas les trouver partout. Et bel exemple que même en anticipant tout 7 mois à l’avance, j’ai quand même été bloquée 3 semaines sur place ! Je n’imagine même pas si je n’avais pas tout prévu !
Belle preuve que voyager avec un handicap invisible peut quand même être très handicapant non ?
Quelle est la prochaine étape du voyage ?
Je suis arrivée depuis quelques jours aux Philippines. Mes deux premiers jours ont été assez intenses : peu d’argent en poche, une connexion wifi quasi inexistante et une acclimatation difficile.
A ce moment j’ai décidé de faire appel à la communauté « We are Backpackeuse » qui regroupe des voyageuses comme moi, qui voyage en sac à dos à travers le monde. La confiance et la gentillesse des messages reçus m’a reboosté et c’est grâce à ça que j’ai décidé de continuer aux Philippines.
Ton témoignage d’aujourd’hui contraste avec l’idée qu’on peut se faire du voyage, que souhaites-tu partager ?
Je souhaitais partager ces informations pour montrer que voyager ne se résume pas à se la couler douce. Voyager seule en étant une fille en backpack, avec en plus un handicap qui me limite dans les déplacements avec mon sac et les traitements à justifier et à se procurer, c’est un combat du quotidien pour moi-même et pour tous ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir le faire. C’est ce qui me motive à repousser mes limites encore et encore ! :-)
Suivez le parcours de Fiona sur sa page Facebook et son Instagram et réguilèrement sur Talenteof.fr
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