Vendredi 17 mars s’est tenu un afterwork Talentéo pour le moins original ! Toujours en recherche d’idées nouvelles, nous avons mis l’emploi et le handicap au coeur de l’opéra. Candidats et recruteurs ont pu se rencontrer lors de la répétition de « La Bohème » organisée par La Fabrique Opéra. Retour sur cet événement avec Patrick Souillot, Chef d’orchestre !
Talentéo & la Fabrique Opéra, une rencontre improbable ?
Quand on s’occupe de l’Humain, aucune rencontre n’est improbable ! Certes il est rare de voir des personnes en situation de handicap sur une scène d’opéra, mais beaucoup de musiciens ont connu ou connaissent ce type de situations. La Fabrique Opéra qui recrute ses musiciens et choristes dans la société civile rencontre toutes les catégories de personnes.
Il y a quelques mois, une femme a auditionné pour être dans les chœurs de La Fabrique Opéra. Elle a été prise, car elle chantait bien et avait une belle présence scénique. Très heureuse de participer elle nous a envoyé un mail pour nous dire qu’elle avait une jambe artificielle et s’inquiétait de savoir quel serait son costume de scène….
Nous avons compris à ce moment que des personnes en situation de handicap pouvaient parfaitement participer à nos activités. Cette année, un jeune élève du Conservatoire sera en fauteuil roulant sur scène. Tant qu’il n’y a pas de contresens dans l’histoire, il n’y a aucune raison de faire des distinctions entre les personnes.
La Fabrique est là pour rapprocher le public populaire d’un art qui est considéré, sans doute à juste titre, comme élitiste. C’est une vérité française qui a des raisons historiques, mais l’opéra a été, et est un art populaire dans tout le reste de l’Europe. En faisant participer des jeunes, des amateurs, nous prenons le pari que toutes ces personnes vont se surpasser car le projet est un projet d’excellence, mais regarderont aussi d’un autre œil l’Art lyrique.
Il n’y a pas de lien structurel avec le handicap mais comme nous militons pour l’égalité des chances, des opportunités, nous ne refusons pas les personnes en situation de handicap.
Par ailleurs, pendant plusieurs années, nous avons travaillé avec les jeunes du Chevalon de Voreppe, qui organisaient et assuraient l’accueil de la répétition général ouverte aux 2300 enfants qui viennent écouter et voir le spectacle.
La musique adoucit les mœurs, est-ce le cas dans la recherche d’emploi ?
Cette formule « La musique adoucit les mœurs » est une formule beaucoup plus profonde et philosophique qu’il n’y parait. La musique c’est du bruit ordonné, avec le but de créer de la beauté. Pour mettre de l’ordre dans du « bruit », il faut donc des aptitudes d’analyse, de créativité, de la détermination, du travail…
L’opéra est un domaine où il faut beaucoup travailler. De façon collective, mais aussi individuellement tout au long de sa carrière. C’est un art qui fait appel à des dizaines de métiers différents : artistiques, techniques, communication, administration… C’est donc un point de rencontre assez symbolique est cohérent pour parler d’emploi, de compétences.
On peut donc faire un parallèle entre la musique et la recherche d’emploi, en disant que quand on a de la détermination, la volonté de mettre ses compétences au profit d’un projet collectif, alors, on doit raisonnablement trouver le chemin du succès.
Quels ont été les moments marquants de cette soirée ?
Tout d’abord, l’accueil a été très chaleureux et nous avons eu un auditoire attentif à ce que nous présentions sur l’opéra, et le parallèle des aprioris sur le handicap et l’opéra a été plutôt bien compris. Cela a permis d’engager une discussion très ouverte.
Le jeu du « portrait chinois musical » a été un moment très instructif. Cela a permis de cerner les personnalités présentes. Je retiendrai que l’action collective était une valeur forte partagée par tous, et il se trouve que l’opéra est aussi un projet collectif.
Le handicap est-il incompatible avec l’Opéra ?
Parmi les artistes dont le handicap est visible, on peut tout de suite citer le plus célèbre d’entre eux : Beethoven, atteint de surdité, ce qui pour un musicien est certainement le pire des handicaps. Il y a également le chef d’orchestre Jeffrey Tate qui dirige assis, tout comme le violoniste Itzaak Perlman. Quant à Glenn Gould, il était atteint du syndrome d’Asperger.
Le handicap est compatible avec l’opéra pour peu qu’on ne demande pas à un artiste justement ce que son handicap lui interdit de faire. La Bohème est parfaitement adaptée aux personnes en situation de handicap avec des places PMR, notamment. Nous introduirons aussi une narration en français, ce qui nous distingue des autres opéras où le spectateur doit lire des sous titres pour comprendre l’action qui se déroule sur scène.
L’Opéra s’adresse-t-il uniquement à un public averti ?
Comme tous les arts, l’opéra s’adresse à tout le monde. Aller à l’opéra, c’est avant tout aller à la rencontre d’émotions uniques… et donc accessibles à tout(e)s. Ensuite, on peut s’intéresser un peu plus à l’opéra, préparer son écoute, chercher de la documentation sur l’œuvre ou le compositeur, mais ce n’est pas un préalable à la possibilité d’apprécier une œuvre.
Seuls 4 % des français vont à l’opéra. On peut considérer qu’ils représentent plus que ce qu’on pourrait appeler un « public averti ». Il y a donc justement urgence à rendre accessible l’Opéra au plus grand nombre !
Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs ?
Tout d’abord que la musique ne discrimine pas. On peut l’aimer, ne pas l’apprécier, on peut être sensible à certaines esthétiques et pas à d’autres. Il n’y a rien de mal là dedans. Le principal c’est d’être disponible à la découverte !
L’Opéra souffre de préjugés : art élitiste réservé aux bourgeois. C’est un point commun avec le handicap qui est souvent discriminé. Le plus important pour moi, c’est la lutte contre les idées préconçues. Avec un peu de curiosité, d’empathie, le monde serait tellement différent, et certainement tellement plus beau !
Alors sortez à l’opéra, à la rencontre des personnes, d’où qu’elles viennent, quelles qu’elles soient : vous risquez surtout d’avoir de bonnes surprises.
Vous avez envie de tenter l’expérience de l’opéra ? Retrouvez « La Bohème » à Grenoble du 31 mars au 2 avril au Summum ainsi que le mardi 4 avril !
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