Le 8 mars 2015 avait lieu la journée des droits des femmes. Cette année marque aussi les 40 ans de la première loi européenne sur les inégalités salariales entre hommes et femmes. A cette occasion, nous avons rencontré Mark Smith, directeur d’une étude sur les écart de salaires en fonction du sexe. 

Nous échangeons aujourd’hui avec Mark Smith, sur 40 ans de loi sur les égalités salariales. Quelles est l’état des lieux ? Quelles sont les évolutions ? Réponses.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Photo de Mark SmithJe m’appelle Mark Smith, je suis professeur en ressources humaines et directeur d’école doctorale à Grenoble Ecole de Management. Avant cela je travaillais comme professeur à Manchester où j’ai effectué plusieurs études avec les commissions européennes sur l’égalité hommes/femmes. Pour marquer les 40 ans de la loi de 1975, j’ai mené une étude sur les écarts de salaires entre les femmes et les hommes en Europe. C’est autour de cette étude que nous allons échanger aujourd’hui !

Pouvez-vous nous parler de cette loi de 1975 ? En quoi consiste-t-elle ?

Cette loi est plus précisément une directive européenne appliquée dans tous les pays de l’union européenne. Elle interdit les niveaux de salaires différents entre hommes et femmes à postes et responsabilités équivalents. Cette directive a été très importante, c’était le premier jet européen pour réguler la situation entre hommes et femmes dans le milieu professionnel.

40 ans plus tard, quel constat faites-vous ?

Si en principe les inégalités sont interdites, 40 ans plus tard il en subsiste. Ce n’est pas pour autant que toutes les structures ne respectent pas la loi : d’autres facteurs d’inégalités salariales entrent en jeu, et notamment l’attribution de primes.

Cela s’explique aussi par les différences de salaires constatées entre les entreprises, et notamment entre les PME et les grands groupes. Le fait est que les femmes se concentrent majoritairement dans les organisations les moins payées.

De même, les métiers sont ségrégés : infirmière et institutrice sont de postes plutôt considérés comme féminins, et la valeur qui leur est accordée par notre société est moindre que celle des métiers masculins. D’ailleurs les hommes ont trois fois plus de chances d’être ingénieurs ou scientifiques que les femmes en France. Il est difficile pour une femme de rentrer dans ce type de métier, et cela malgré les efforts effectués par les écoles pour les attirer.

Pourtant loin des préjugés, des améliorations s’opèrent-elles ? Quelles actions à mettre en œuvre pour les accentuer ?

Bien sûr, après 40 ans on a montré que les femmes ont investi dans l’éducation jusqu’à souvent doubler les hommes. Cela a d’ailleurs permis la réduction de l’écart salarial. Ce dernier est de plus en plus nuancé et il bouge toujours.

La solution réside d’abord sur une « ouverture » progressive des métiers à l’autre sexe. Le fait que l’argent soit un sujet tabou en France n’aide pas, au contraire plus de transparence au sein des entreprises permettrait de réduire les écarts. A l’heure actuelle, chaque contrat est individuel et surtout négocié. Ces deux facteurs font que ni les collaborateurs, ni les organisations ne se rendent compte qu’il existe des écarts de salaires autour d’eux.

On pointe souvent du doigt la tendance des femmes à sacrifier beaucoup plus facilement leurs carrières pour favoriser celles de leurs conjoints et élever leurs enfants. Cependant, les pères français ne sont pas les plus actifs d’Europe. Cela contribue à réduire les inégalités.

Au final, si nous voyons toujours des écarts salariaux entre hommes et femmes, ceux-ci tendent à s’atténuer. La France a un écart moyen de 15 %, ce qui est en dessous de la moyenne européenne qui est de 16,5 %. Certes, des pays comme la Slovénie ou le Danemark sont de meilleurs élèves. Mais d’autres comme l’Allemagne ou l’Angleterre nous séparent du bonnet d’âne.

La continuité dans la réduction de ces inégalités passe par beaucoup de sensibilisation à tout niveau : managers, entreprises, mais aussi individus masculins comme féminins et couples.

Et vous, quel constat faites-vous ? Réagissez sur les réseaux sociaux !

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