Annette Masson, présidente de l’association Tourisme et Handicaps, nous présente aujourd’hui le label Destination pour tous, grâce à nos amis d’Handirect.
Pouvez-vous nous présenter le label Destination pour tous ?
Le label Destination pour tous a pour objectif de valoriser les territoires touristiques accessibles et d’encourager les acteurs concernés à se mobiliser pour permettre à des personnes en situation de handicap de partir en vacances et de pratiquer des activités de loisirs sur place sans difficulté, comme tout un chacun. Ce label s’adresse aux municipalités et conseils généraux – à l’échelle de leur territoire – et non à des structures particulières – sites, hôtels, commerces, etc. – qui doivent être impliqués de manière globale.
Comment se déroule le processus d’attribution ?
Dans un premier temps, les candidats doivent nous adresser un dossier de candidature construit à partir d’un cahier des charges téléchargeable sur le site internet de Tourisme et Handicaps. Le premier appel à candidatures a été clôturé le 31 décembre 2013 et le second est ouvert jusqu’au 30 juin 2014. La commission d’attribution du label procède alors à une présélection basée sur ces critères. En cas de candidature insatisfaisante, les candidats sont encouragés à retravailler leur dossier et à présenter une nouvelle candidature. Pour les candidatures validées, chaque candidat doit alors lancer une procédure d’audit afin d’attester que tout ce qui est mentionné dans son dossier est effectivement opérationnel et correspond bien au cahier des charges. Il s’agit de dépasser l’aspect purement déclaratif. Ce n’est pas l’association Tourisme et Handicaps, mais bien le candidat, qui est chargé de choisir son auditeur – qui doit être neutre – en procédant à un appel d’offres.
Quels sont les critères d’attribution du label Destination pour tous ?
Les critères sont très nombreux et portent sur quatre grands axes :
- Le transport : chacun doit pouvoir se déplacer facilement et de manière autonome sur la voirie et utiliser les transports en commun et les transports spécifiques, comme les taxis accessibles.
- Les prestations touristiques : elles doivent être réellement accessibles aux différentes familles de handicap.
- Les commerces : tout le monde ne souhaite pas forcément se rendre à l’hôtel ou au restaurant, mais chacun peut avoir besoin de faire des courses.
- Les prestations annexes : il est important de veiller à la présence des services indispensables, y compris pour des situations spécifiques, comme par exemple la possibilité de trouver un professionnel de santé dans les alentours ou un loueur de matériel médical spécialisé.
Le respect de tous ces critères implique un travail de fond considérable pour les candidats, qui ne doivent rien laisser au hasard.
Si l’un des critères mentionnés dans le cahier des charges n’est pas respecté, la demande ne sera pas validée. En revanche, si l’accessibilité d’un territoire n’est pas garantie pour les quatre grandes familles de handicap, le candidat peut tout de même postuler à partir du moment où il réunit tous les critères requis sur au moins deux grandes familles. L’idée étant, comme pour le label Tourisme et Handicaps, d’arriver à l’avenir à une accessibilité complète.
Qu’apporte le label Destination pour tous par rapport au label Tourisme et Handicaps ?
Le label Tourisme et Handicaps s’adresse à des structures touristiques qui sont labellisées chacune de manière distincte. Mais lorsqu’une personne part en vacances, il est important pour elle de pouvoir choisir entre plusieurs activités et se déplacer librement. Si une personne en situation de handicap trouve un hôtel accessible mais que rien d’autre ne l’est dans les alentours, cela n’a aucun intérêt pour elle de rester toute la journée à l’hôtel ! D’où le label Destination pour tous. Celui-ci valorise des territoires en mesure de proposer un maximum d’activités accessibles sur un champ géographique délimité. Il est beaucoup plus large et implique également que les différents acteurs du territoire travaillent ensemble pour proposer une accessibilité globale et cohérente – critère qui est aussi énoncé dans le cahier des charges.
Quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui du tourisme adapté en France ?
Au cours des dernières années, il fallait toujours forcer les portes et essayer de convaincre les acteurs de terrain – responsables d’associations, activités et sites touristiques, etc. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux viennent spontanément vers nous pour être guidés dans leurs démarches de mise en accessibilité et obtenir des informations. C’est donc très positif côté acteurs, bien qu’on ne soit pas au bout du chemin. Mais dans le même temps un autre aspect m’inquiète. Dans les premières années suivant la loi du 11 février 2005, on sentait un réel engouement politique, une volonté d’agir… À présent, ce dynamisme s’essouffle et beaucoup d’autorités se désengagent, tant en termes de collaborateurs mobilisés que d’actions, avec une tendance à vouloir toujours retarder les choses.
Quels sont les principaux obstacles rencontrés ?
Il manque une réelle volonté d’assurer un confort d’usage pour tous : personnes en situation de handicap, seniors, personnes n’ayant pas de handicap… Ce n’est pas seulement une question de moyens. Par exemple, chaque jour, nous voyons passer des dossiers d’établissements neufs non accessibles et qui ont pourtant obtenu l’autorisation d’ouvrir. Il est parfois difficile de rendre accessible l’ancien… mais si l’on continue à construire du neuf inaccessible tout en fermant les yeux, cela ne va pas du tout dans le bon sens ! Toutefois, je note en parallèle que des bonnes pratiques sont mises en place régulièrement et améliorent la situation. Celles-ci devraient à mon sens être beaucoup plus mises en avant, et pourraient avoir une bonne influence générale.
Qu’est-ce qui pourrait encore faire avancer les choses ?
Le thème de l’accessibilité est une véritable question de société qui doit s’intégrer dans une démarche globale. Pour avancer davantage, il faudrait que les plus hautes autorités s’engagent plus fortement pour leurs prochains, en particulier pour les personnes en situation de handicap et les seniors en puissance que nous serons tous demain. Plus globalement, c’est toute une mentalité qui doit changer par rapport au handicap, à l’accessibilité, et à la prise en compte de tous les citoyens.
Et vous, que pensez-vous du label Destination pour vous ?
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