Notre rendez-vous sportif nous amène aujourd’hui à la rencontre de Jérôme Penisson. Membre de l’équipe de France de cécifoot, il nous présente ce handisport sous toutes les coutures grâce à nos amis d’En Route Pour Rio !
Jérôme Penisson est un joueur international de cécifoot, autrement dit football à 5. Alors qu’il participait à un tournoi amical international, En Route Pour Rio est parti à sa rencontre. Du cécifoot à ses objectifs sportifs, découvrons les facettes de ce handisport.
Bonjour Jérôme, merci de nous accorder cette interview. Entrons dans le vif du sujet : peux-tu nous parler de ta carrière internationale ?
Je suis en Equipe de France depuis un an. A la suite des Jeux Paralympiques de 2012, certains joueurs ont arrêté la sélection, ce qui m’a permis d’intégrer l’équipe. En effet, de manière générale, l’effectif ne bouge pas énormément. Je suis entré dans l’équipe pour l’Euro 2013 en Italie, en juin. J’ai participé à quelques stages préparatoires à cet Euro. J’ai ensuite été rappelé dans l’effectif pour disputer 2 matchs amicaux contre le Japon en décembre dernier. Et aujourd’hui je suis sélectionné pour un tournoi en Belgique. C’est un peu nouveau car il s’agit d’un tournoi « espoir ». Les personnes encadrant l’équipe de France ont sélectionné uniquement les plus jeunes joueurs du collectif en groupe restreint, afin de nous offrir un temps de jeu plus important.
Est-ce une volonté de rajeunir l’Equipe de France ?
Je ne pense pas, parce qu’il n’y a qu’un ou deux nouveaux. Je pense vraiment, qu’en l’absence des cadres, les sélectionneurs veulent nous voir jouer plus longtemps. C’est important pour des joueurs comme moi de pouvoir se montrer un peu plus que d’habitude.
Comment arrive-t-on sur un terrain de cécifoot ?
Je suis footballeur depuis tout petit. J’ai longtemps joué en foot valide, puis j’ai eu une maladie génétique de la vue à l’age de 17 ans, évolutive jusqu’à mes 18 ans. J’ai donc du me réorienter scolairement, je suis allé faire mes études à Paris où j’ai trouvé un club de malvoyants mais je n’ai pas pu faire de compétition. Pour des raisons encore une fois scolaires, j’ai dû quitter la région parisienne pour rejoindre Bordeaux et son club au centre technique national où l’on s’entraînait du lundi au jeudi, matin et après-midi : c’était mes vrais débuts en cécifoot. Commencer par la meilleure équipe du championnat français fût une grande expérience. La saison suivante, je retournais à Paris pour une autre formation et j’ai ainsi joué au club de Paris. Depuis 3 ans, j’ai intégré le club de Nantes pour ma plus grande satisfaction.
Comment se passe l’annonce des sélections ?
Le vivier de joueurs en France n’étant pas très important, quand on a été sélectionné une fois, on s’attend à l’être de nouveau. Le cécifoot est un sport paralympique donc les équipes nationales tournent par phase de 4 ans. Ainsi, quand on commence le projet, on y reste jusqu’au bout, à part s’il y a des blessures ou si d’autres joueurs émergent rapidement. Le groupe est généralement de 8 joueurs par sélection par match. 10-12 joueurs peuvent prétendre à la sélection. Cette fois-ci, étant donné que je ne suis pas blessé, contrairement à l’année dernière, je savais que j’allais être sélectionné. En parallèle, j’ai le statut de sportif de haut niveau et un suivi médical assez pointu est mis en place, donc tout ceci me fait penser que je suis sélectionnable à tout moment.
On sait que ton objectif c’est Rio, comment envisages-tu ces Jeux Paralympiques à l’heure actuelle ? Penses-tu que les résultats dépendront de ton travail, ou selon la forme des uns et des autres ?
Depuis 1 an, le fait d’être sélectionné fait que je travaille plus ! Il faut que je continue à travailler pour rester avec les bleus, peut-être même faut-il que je travaille encore plus pour m’assurer la place. Je ne suis pas sûr d’aller aux Jeux. Certes, cela repose sur moi, mais aussi sur les autres. On parle de l’objectif de Rio, mais c’est un objectif à long terme car les Jeux Paralympiques sont 20 marches au-dessus de toutes les autres compétitions : championnat de France, Euro, championnats du monde. Avant de rêver de Rio, il faut continuer à être performant, surtout aux championnats du monde de Tokyo au mois de novembre. Participer aux championnats du monde me permettrait de marquer des points en vue des autres échéances.
On se souvient tous du beau parcours de l’équipe de France à Londres en 2012 qui avait obtenu une médaille d’argent. Aujourd’hui, à quel niveau se place l’équipe ?
En 2009 et 2011, nous étions champions d’Europe, en 2013 « seulement » vice-champions. On pourrait donc noter une régression, mais cela est sans doute dû au fait que nous avons perdu 2 joueurs majeurs après 2012 et que le coach et une partie du staff ont changé. Nous avons peut-être une manière différente de jouer et nous sommes une équipe jeune qui doit encore atteindre sa maturité. Pour les championnats du monde de novembre, même si cela risque d’être compliqué, peut-être pourrions-nous obtenir une médaille. Tout est mis en place à Paris, à Lyon et à Nantes pour que l’on évolue dans le bon sens. Ce qu’il faut savoir c’est qu’à part un titre de vice-champions du monde en 2012, nous avons toujours été entre la 3ème et 5ème place. Il faudra se battre pour accrocher une médaille. Le Brésil, l’Argentine, la Chine et l’Espagne seront nos principaux concurrents.
La spécificité du cécifoot est la présence derrière les buts adverses d’un guide-entraîneur. Ce poste-là pourrait-il être tenu par quelqu’un qui ne vous connait pas ?
On pourrait mettre n’importe qui derrière le but qui connaisse un minimum le cécifoot, mais on serait moins performant. Le guide a une relation particulière avec ses joueurs. Il nous connaît en dehors du terrain, il connaît nos réactions. Il sait comment nous parler, nous motiver. On arrive même à un certain moment à créer un langage entre lui et nous. Ce qui est encore plus fort, c’est que le guide parle différemment à chacun des 4 joueurs présents sur le terrain. Notre relation au guide est vraiment très personnelle.
As-tu quelque chose à ajouter ?
Oui, j’invite les personnes non-voyantes et mal voyantes à nous rejoindre sur les terrains. Elles auraient raison de penser que le cécifoot est très intéressant. L’évolution de notre sport est sportive, culturelle et sociale. Venez !
Nous remercions Jérôme pour sa disponibilité et pour sa franchise !
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