Après vous avoir présenté les équipes en compétition pour le Défi H, en partenariat éditorial avec L’ADAPT, nous sommes partis à la rencontre des équipes gagnantes de l’an dernier : qu’est devenu le projet l’équipe Armind ? Rencontre.
Connaissez-vous le Défi H, à l’initiative de Sogeti et du Monde Informatique ? Suite à une présélection, 7 équipes composées de 3 à 5 étudiants sont en compétition pour des projets contribuant à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Chaque équipe travaille main dans la main avec une association qui lutte contre un handicap, et est accompagnée par un coach Sogeti. Pour les résultats de cette année, rendez-vous le 20 mai 2014 !
Après vous avoir présenté les équipes WorldMute, Handi’Light, Give Me a Hand, Handi-Report et Wink and Talk, nous avons voulu connaitre l’évolution des projets des anciennes équipes gagnantes. Parmi elles, l’équipe Armind, qui a gagné le prix « Innovation Technologique », a tout de suite répondu présente !
L’an dernier, vous avez participé au projet Armind, dans le but de créer un outil permettant une interaction avec l’environnement, possible grâce à un contrôle mental. Pouvez-vous nous parler de ce projet ?
Le projet Armind est né d’une envie à la fois de travailler sur une thématique innovante, mais également de donner un sens à notre travail d’ingénieur. Nous avons donc voulu apporter notre contribution à l’amélioration des conditions de vie des personnes en difficultés et choisi de nous investir dans le concours Défi H pour une meilleure insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. C’est dans cet esprit que nous avons constitué cette équipe de quatre jeunes ingénieures : deux informaticiennes spécialistes des réseaux et communication multimédia et deux ingénieures en technologies de l’information pour la santé. Ayant envie de pousser l’innovation jusqu’au bout, nous avons travaillé sur une preuve de concept : permettre à des personnes atteintes d’un handicap moteur lourd de retrouver une interaction naturelle avec leur environnement. Dans ce but, nous avons développé un outil permettant de contrôler un bras robotisé par la pensée, via un casque neuronal non invasif et sans fil. Nous avons vraiment été guidées par deux principaux objectifs : proposer une solution à la fois utile et utilisable. Ce projet nous a apporté beaucoup, autant sur nos compétences techniques qu’en gestion de projet, si ambitieux. Nous avons appris énormément sur les conditions de vie des personnes en situation de handicap, de leurs difficultés certes physiques pour celles atteintes de handicap moteur, mais aussi de leurs problèmes de considération sociale.
Votre projet a vu le jour à Grenoble, exemple en termes d’accessibilité en France. Qu’aimeriez-vous trouver aujourd’hui pour rendre l’emploi plus accessible aux personnes en situation de handicap ?
Il est vrai que Grenoble est une ville qui fait beaucoup d’efforts en termes d’accessibilité. Je pense cependant qu’il reste encore de nombreux efforts à faire en ce qui concerne l’insertion sociale, voire sociétale des personnes en situation de handicap. En effet, le sentiment que nous avons ressenti tout au long de ce projet est que la situation de ces personnes est mal connue. Se confronter au handicap reste difficile pour un grand nombre et l’on préfère souvent ne pas le voir. Ceci fait que le handicap est mal perçu, ou avec beaucoup d’idées reçues, et très mal connu. On n’est pas assez sensibilisé dans les entreprises ou même la société en général sur les différentes formes de handicap. Celui-ci n’est pas forcément que moteur, il peut être psychique, intellectuel, sensoriel etc., et nécessite donc des aménagements complètement différents. A partir du moment où l’on ne connait pas cette réalité, il est très difficile de réagir correctement une fois confronté au handicap. Au sein des entreprises, les responsables des ressources humaines reçoivent des formations et sont informés sur le handicap. Je pense qu’il est important d’en faire autant pour l’ensemble des membres d’une entreprise afin de diminuer cette appréhension, faire disparaître ces idées reçues et faciliter l’insertion professionnelle et sociale au sein des entreprises du personnel en difficulté. Qu’on puisse en parler sans avoir honte ou peur de la réaction d’autrui. Et ce travail pour briser les tabous devrait commencer dès la formation de nos futurs employés et dirigeants, au lycée ou même dès l’école primaire.
Quel est le devenir du projet Armind depuis que vous avez gagné le Prix « Innovation technologique » ?
Il n’est pas impossible que notre projet soit repris au sein de notre école par une future équipe d’élèves afin d’être amélioré et de passer de la preuve de concept au produit fini. Des progrès sont à faire notamment d’un point de vue fiabilité et confort d’utilisation. Cependant, le cœur du projet est ce que nous ferons de cette expérience, ce que nous saurons en apporter dans nos futurs entreprises et dans nos rapports avec nos collègues, en situation de handicap ou non. Nous avons toutes envie de faire changer les mentalités et je pense que ceci passe aussi par les actions individuelles, montrer l’exemple et faire bouger les choses de l’intérieur. Il n’est pas impossible que certaines d’entre nous poursuivent l’expérience sur les casques neuronaux pour la rééducation cérébrale. L’avenir nous le dira, et l’avenir est ce que l’on en fait.
Talentéo est un acteur du recrutement innovant. Pensez-vous que les réseaux sociaux peuvent contribuer à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap ?
Tout à fait ! Rien qu’en mettant en avant au grand public les difficultés rencontrées au quotidien par ces personnes ainsi qu’en présentant les différentes formes de handicap et les solutions actuelles, cela peut aider à faire changer les mentalités, ou en tout cas aider à une prise de conscience. Les réseaux sociaux sont aussi un moyen de rétablir l’équilibre entre personnes en situation de handicap ou non face aux entreprises : on n’est plus uniquement « un handicapé qui candidate » mais on redevient « un candidat qui propose ses compétences ». Chacun à des compétences et des expériences de valeur pour les entreprises. Nous pensons que les réseaux sociaux peuvent aider à ramener le débat sur le besoin des entreprises de recruter des personnes de compétences et qu’elles mettent tout en œuvre pour que celles-ci se sentent bien, plutôt que de remplir un quotas réglementaire « d’emploi-handicap ».
Merci à Marie Chevallier, Yacine Fall, Radia Koubaa et Anne Tabard.
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